mercredi 23 décembre 2009
Joyeuses Fêtes !!!!
Rendez-vous en 2010.
lundi 21 décembre 2009
Le 2e Prix Landerneau # 5
La présence de Giovanni va ranimer chez Emma des souvenirs qu’elle aurait souhaité oublier, des souvenirs remontant à l’époque de ses vingt-cinq ans , dans les années 1980. Emma et Raphaël formaient alors un couple de jeunes amoureux qui, s’ils ne croyaient pas un seul instant que leur relation durerait toute une vie, vivaient pleinement et sincèrement cette liaison. Puis est arrivée Micol, la rivale, qui insidieusement s’est incrustée dans la vie de leur couple jusqu’à atteindre son objectif : ravir Raphaël et prendre la place d’Emma dans son cœur :
mercredi 16 décembre 2009
"Les cons, ça ose tout..."
Qui n’a pas rêvé un jour de se débarrasser de certaines personnes de son entourage, généralement qualifiées de « cons » ou de « connes » ? L’espèce, il faut bien le dire, en est fort répandue et je ne connais à ce jour personne qui n’ ait été confronté à cette engeance et n’ait souhaité utiliser des moyens peu avouables pour s’en défaire. Heureusement, ces pulsions criminelles, qui nous poussent à imaginer toutes les morts possibles pour ces fâcheux, en restent, dans la majorité des cas, au stade du fantasme.
Ils sont partout : au travail, dans notre voisinage, sur la route, en ville ou à la campagne, dans les gares, les aéroports, les grandes surfaces, et même au sein de votre propre famille…et si, rentrés chez vous, vous croyant à l’abri de leurs nuisances, vous avez la malheureuse idée de lire le journal ou d’allumer votre radio ou, pire encore, votre poste de télévision, attendez vous à les voir déferler au sein de votre foyer tel un tsunami ravageur.
Ils sont pire que les blattes, vous en écartez un, il en surgit cent autres. Alors comment faire pour les éviter ? À moins de s’exiler au fin fond du désert ou de s’exiler vers une lointaine planète inhabitée, nul n’échappe au phénoménal pouvoir de nuisance des cons. Que faire alors ? Les exterminer ? Voilà une solution séduisante mais malheureusement vouée à l’échec. Le con est une espèce qui se reproduit et se multiplie à une vitesse phénoménale. On en trouve des spécimens là où l’on s’y attendrait le moins et celui ou celle qui voudrait les éradiquer jusqu’au dernier mènerait un combat perdu d’avance, une croisade sans fin qui ne pourrait se solder que par l’extinction du genre humain tout entier. Nous sommes tous en effet le con (ou la conne) de quelqu‘un et vouloir en finir avec la connerie, c’est s’exposer soi-même à devenir la victime de son propre dessein.
C’est pourtant une croisade de cet ordre que va mener le personnage principal du roman de Carl Aderhold, un personnage jusqu’ici sans histoires qui, par la force des choses, va s’engager dans ce combat contre la connerie ordinaire, celle que l’on rencontre tous les jours en bas de sa porte. Et il va avoir fort à faire, confronté à toute une typologie de cons patentés, de ceux que nous avons tous rencontrés : les chauffards, les bricoleurs du dimanche, les beaufs, les malpolis, les petits chefaillons, les jeunes du dessus qui font brailler leur musique à toute heure, les agents des impôts, de la SECU ou de l’ANPE, et tous les autres, les anonymes, les cons par vocation, ceux dont la connerie est une marque de fabrique, un apostolat, et qui sans elle ne seraient rien. Il ira même jusqu’à occire un con notoire, un politique « au discours sans langue de bois », ministre de l’Environnement qui pense (nous sommes avant 2007) à la présidence de la République. On pensera bien évidemment à une certaine personne (qui dans la réalité n’a pas occupé ce poste) au vu de ce discours prononcé dans un village de l’Est de la France lors de l’épidémie de grippe aviaire : « Vous en avez marre de toute cette volaille ? lança-t-il en direction de la foule. Eh bien on va vous en débarrasser ! J’ai déjà pris la décision de faire nettoyer entièrement le village au Kärcher pour éviter tout risque potentiel. […] La République ne tolérera aucun cas de grippe aviaire dans votre département. Il n’y aura pas d’épidémie. Je vous le garantis. »
Quand on apprend ce qu’il advient du dit ministre quelques pages plus tard, on se prend à regretter que « Mort aux cons » ne soit qu’une oeuvre de fiction…
Les cons étant, nous l’avons dit, une espèce surabondante, l’accumulation de morts suspectes autour de notre héros ne va pas manquer d’attirer l’attention, et le commissaire Marie, un flic un peu philosophe qui n’est pas loin de partager les mêmes idées que le suspect, (il aime à citer la phrase de Michel Audiard tirée des « Tontons flingueurs » : « Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. ») va s’intéresser de près aux faits et gestes de ce justicier d’un genre nouveau. Va alors s’installer un jeu du chat et de la souris entre le flic et le suspect, une relation oscillant entre méfiance et amitié qui trouvera un aboutissement pour le moins inattendu qui fera de notre éradicateur de connerie ce qu’il n’avait pas un instant imaginé devenir…
« Mort aux cons » est, on l’a deviné, un véritable jeu de massacre dans lequel toutes les formes de connerie répertoriées à ce jour sont passées en revue. On s’amuse, pour avoir été confronté soi-même à nombre de ses représentants, à cette vaste taxinomie de la connerie humaine qui va du voisin de palier au ministre précédemment cité et jusqu’au néo-philosophe mondain et chevelu qui porte un avis sur tout et n'importe quoi.
Même si l’exécution de ces cons apparaît parfois un peu facile et expéditive, au contraire du roman d’Antoine Laurain « Fume et tue » qui recensait lui aussi une belle galerie de cons-temporains et qui mettait en scène des meurtres d’une habileté machiavélique, on s’amuse quand même beaucoup à suivre les aventures du personnage de Carl Aderhold, un parcours meurtrier jalonné d’ambassadeurs de la connerie qui apparaissent plus vrais que nature.
Bref, si vous êtes vous aussi confrontés dans votre vie quotidienne à un ou plusieurs cons qui vous pourrissent l’existence, lisez-donc « Mort aux cons », mettez-vous dans la peau du narrateur et prenez-vous à rêver d’un monde enfin débarrassé de tous les cons. Évitez toutefois le passage à l’acte, une vie entière ne suffirait pas pour mener à bien ce projet.
jeudi 10 décembre 2009
L' Île des Fantômes
Traduit de l'anglais par Iaroslav Lebedynsky.
dimanche 6 décembre 2009
Sangre y Oro
jeudi 26 novembre 2009
Les fantômes de Venise
Il partage la jouissance de cette lugubre demeure avec Paso Doble, un étrange personnage, sorte de double de lui-même, un alter ego malicieux et imprévisible qui s’amuse à dissimuler quantité d’objets indispensables, obligeant ainsi Schultz à remuer ciel et terre pour retrouver son portefeuille, ses clefs ou encore les épreuves d’un ouvrage en cours de fabrication.
Un troisième personnage -beaucoup moins remuant celui-là - habite dans la chambre d’amis. C’est une effigie de cire, assise dans un fauteuil, d’une superbe femme vêtue d’un long manteau en poil de chameau.
Qui est-elle ? C’est-ce que Paso double aimerait bien savoir, mais le mystère entourant cette énigmatique statue de cire ne fait que déclencher sa colère et sa jalousie.
C’est donc en cherchant les épreuves de son Histoire des lupanars vénitiens, dérobées par Paso Doble, que Schultz va trouver en haut d’une armoire un vieux livre sans titre et dont la page qui devrait indiquer le nom de l’auteur a été arrachée.
Intrigué par cet ouvrage inconnu, Schultz va en entreprendre la lecture. Il s’agit du récit, conté à la première personne, d’un jeune gentilhomme libertin anglais vivant au tout début du XIXe siècle.
Jacob Flint - c’est le nom du personnage central de ce récit - âgé d‘une vingtaine d‘années, est le fils illégitime d’un notable des environs de Londres et d’une noble dame italienne qui l’a conçu avec un bohémien de passage. Le jeune homme, insouciant et de belle prestance, multiplie les conquêtes amoureuses. Il s’éprend un jour de la femme d’un douanier des environs, mais celui-ci, disposant d’un efficace réseau d’informateurs, ne tarde pas à découvrir l’identité de l’amant de sa femme. L’histoire s’achèvera par un duel au cours duquel le douanier périra d’un coup d’épée.
Les duels étant interdits et sévèrement réprimés par la justice, Jacob Flint n’a plus qu’une seule option : fuir.
Avec la complicité d’un ancien palefrenier de son père, il va être conduit secrètement à Londres et hébergé chez le capitaine Viruela, un marin s’adonnant à la contrebande entre l’Angleterre et la France. Malgré les velléités de Jacob Flint de s’adonner lui aussi au trafic illicite d’alcool entre les ports français, anglais et hollandais, le capitaine Viruela va lui proposer une toute autre activité. Ayant appris que le jeune gentilhomme, du fait de son éducation, est doué - en plus de l’art de l’escrime- pour la musique, la peinture et la poésie, il va le diriger vers la Taverne du doge Loredan où l’on recherche une personne apte à jouer du clavecin. Là, il va faire connaissance avec Nina, la patronne de la taverne, une italienne d’une beauté si époustouflante que le jeune homme va immédiatement éprouver pour elle une passion inextinguible.
La belle va bien sûr céder aux avances de Jacob mais ne va pas cacher à celui-ci que leur relation sera à coup sûr punie de mort. Nina est en effet la maîtresse attitrée de Fielding, le chef de la pègre londonienne, un redoutable et cruel personnage dont la particularité est d’exhaler autour de lui une insupportable odeur de putréfaction. Celui-ci ayant rapidement découvert les amours interdites de Nina et Jacob, une poursuite va s’ensuivre à travers la France et l’Italie, où les deux hommes, désormais prêts à s’entretuer, vont tenter de retrouver les traces de la belle qui s’est enfuie vers le décor de son enfance : la cité des doges.
Au fil de sa lecture, Schultz va déceler dans cette histoire des détails troublants qui ne sont pas sans rapport avec sa propre existence, malgré les deux siècles qui séparent le contexte du récit de Jacob Flint de celui de ce début de troisième millénaire.
Avec « La Taverne du Doge Loredan » , Alberto Ongaro nous livre un roman placé sous le signe de l’Ange du Bizarre, un roman à tiroirs qui évoque l’ œuvre de Borgès, mais aussi les grands classiques de la littérature d’aventure tels que « L’ île au trésor » de Stevenson, « L’auberge de la Jamaïque » de Daphné du Maurier ou encore la filmographie de Luis Bunuel. Nous plongeant dans une Venise crépusculaire, Alberto Ongaro signe un roman surréaliste qui happe le lecteur et l’entraîne dans un univers romanesque qui flirte avec les codes du roman gothique du XIXe siècle. Un livre atypique, baroque, sensuel et fantastique qui, malgré son aspect de prime abord déroutant, se laisse apprivoiser et propulse peu à peu le lecteur dans un récit haletant et jubilatoire.
dimanche 22 novembre 2009
Les 108 brigands des Monts-Liang
Traduit du chinois par Jacques Dars.
Aussi populaire en Chine que le sont en Occident « Don Quichotte » ou « Les trois mousquetaires », « Au bord de l’eau » est peut-être le classique de la littérature chinoise le plus célèbre dans tout l’Empire du Milieu.
C’est cependant au tout début du XIVe siècle que prend forme le roman sous la plume de Shi Nai-an, aidé par Luo Guan-zhong, auteur lui aussi d’un autre très célèbre roman épique : « Les Trois Royaumes ».
Puis, c’est au XVIIe siècle qu’un autre érudit, Jin Sheng-tan, revit, corrige et annote l’œuvre de Shi Nai-an. C’est cette version qui nous est donnée ici, traduite du chinois par Jacques Dars. On peut cependant déplorer que les éditions Gallimard ne nous proposent pas dans la collection Folio la version complète de l’œuvre, version complète que le lecteur ne pourra apprécier que s’il est à même de s’offrir ce roman dans l’édition de La Pléiade. Il est en effet fort regrettable qu’un ouvrage tel que celui-ci soit amputé de ses derniers chapitres, comme ces sharewares, logiciels que l’on peut télécharger gratuitement mais dont il faudra payer pour acquérir la version complète.
Ceci dit, les quelques 1800 pages proposées ici en deux tomes suffiront à emporter le lecteur dans cet époustouflant roman-fleuve peuplé de personnages hauts en couleurs et de batailles épiques. On y assistera - et c’est ce qui fait le corps principal du récit - à la constitution de l’armée des 108 brigands des marais des Monts-Liang. Ce n’est d’ailleurs pas un récit, mais une multitude de récits qui composent cet ouvrage. Chacun d’eux introduit un ou plusieurs personnages et nous fait partager le cheminement qui les conduira l’un après l’autre à rallier le repaire des hors-la-loi.
Qu’ils soient fonctionnaires de l’empire, marginaux, bonzes itinérants ou généraux, grands stratèges ou maîtres d’armes, tous vont se trouver en conflit avec l’administration impériale, et plus particulièrement avec l’arrogance, l’injustice et la cupidité des mandarins et des ministres.
Épris de justice, ceux qui sont devenus -le plus souvent par la force des choses - des brigands, vont s’allier sous le commandement de Song-Jiang.
Tous ne sont pas, cependant, des exemples d’honnêteté et d’héroïsme : certains tiennent des auberges où le client égaré peut finir, après avoir été drogué et détroussé de ses biens, comme plat principal des futurs hôtes. D’autres, comme Li-Kui, le Tourbillon Noir, peuvent s’abandonner à une frénésie de violence comparable à celle des berserkirs des sagas scandinaves et peuvent aller - pour enrôler un candidat réticent - jusqu’à assassiner un enfant pour que cet homme intègre et innocent, accusé de ce meurtre, soit obligé de fuir et d’intégrer malgré-lui la bande des marais.
Cependant, ce qui prévaut chez les hors-la-loi des marais des Monts-Liang, c’est une fraternité sans faille, et lorsque l’un d’entre eux se trouve en danger, les autres n’hésitent pas un seul instant avant de lui porter secours.
On fera donc connaissance, au fil de la lecture, avec de nombreux et fascinants personnages dont les sobriquets, souvent menaçants, parfois complètement surréalistes, prêtent souvent à sourire : ainsi les frères Ruan, surnommés pour chacun : « Trépas-instantanée », « Mort-prématurée » et « Yama-vivant » (Yama est le dieu des Enfers dans le panthéon bouddhique) ou encore Cao Zhang : « Le démon -du-couperet ». D’autres sont affublés de surnoms d’une étrange poésie, comme Shi Qian : « La-puce-sur-le-tambour », Tong Wei « le Crocodile-hors-de-son-trou » ou Chao Gai : « Le Roi-céleste-porteur-de-pagodes ».
Quant aux femmes -redoutables guerrières - qui se sont agrégées à la bande, elles ne sont pas en reste : citons Gu, « La Tigresse », Sun-la-cadette « l’Ogresse » et Hu la-troisième, « La-vipère-d’une-toise ».
Le récit, quant à lui, se lit d’une traite, sans temps mort, et chaque fin de chapitre nous invite à entamer celui qui suit afin de savoir ce qu’il va advenir des protagonistes du moment. Les péripéties et les coups de théâtre se succèdent à grande vitesse et ne laissent au lecteur que bien peu de temps pour reprendre haleine. Tout ceci est habillé d’une talentueuse traduction qui use à bon escient de mots et d’expressions tirées du vocabulaire médiéval, dont on retrouvera la signification précise dans le glossaire situé à la fin de l’ouvrage. On y apprendra ainsi ce qu’est un bouffiel, un cacque-trippes, un claque-patins, un patte-pelu, une ragote, un garbouil, une corsecque, un maheutre, un harpailleur….
Il n’est pas étonnant qu’ « Au bord de l’eau » ait été adapté en Chine d’innombrables fois, que ce soit au théâtre, à l’opéra, au cinéma, à la télévision, en bandes-dessinées, en dessins-animés, tant la matière y est riche, tant les complots, les intrigues, les duels et les batailles y sont nombreux et variés. Chacun des multiples personnages qui composent ce récit pourrait à lui seul être le sujet d’un roman à part entière, chaque chapitre fourmille d’actions, de rebondissements et de coups de théâtre, de telle sorte que l’on peut parler ici d’un roman « picaresque » avant la lettre.
Épique, grandiose, héroïque, tel est le roman de Shi Nai-an, un roman de chevalerie sorti tout droit de l’univers médiéval chinois, une œuvre aussi distrayante qu’intelligente qui, malgré ses 1800 pages, se laisse dévorer avec un plaisir ineffable.
jeudi 12 novembre 2009
Ubu Roi
C' EST PARCE QUE NOUS SOMMES NOMBREUX à souffrir votre règne, Sire, que j'ai entrepris de le raconter depuis son aurore, afin qu'en demeurent les péripéties et, oserais-je le dire, une manière de trace.
Dans un premier volume de cette chronique, j'ai évoqué Votre Grandiose Installation sur le trône encore chaud du roi Chirac et les six mois bouillonnants qui suivirent. J'y brossai comme à la paille de fer, les figures les plus clinquantes qui formaient votre Cour et relatai la bousculade calculée des événements qui plongèrent le pays dans la stupeur, puis dans le stupide. Je redoute, Sire, de vous parler aussi ouvertement, mais ce Livre II va chanter une nouvelle chanson, puisqu'il s'ouvre sur les fissures qu'on aperçut bien vite craqueler la façade de votre bel édifice, et sur le réveil du populaire engourdi par vos tours et vos atours. La plume m'en tremble entre les doigts, mais Votre Compulsive Grandeur doit comprendre que, selon les lois de la nature et celles de la politique, la pluie succède au beau temps. Voici venue pour Votre Omnipotence la saison des orages.
P.R.
Patrick Rambaud, qui est membre de l'académie Goncourt, ne manquera pas non plus d'évoquer la polémique suscitée par la talentueuse Marie N'Diaye, lauréate 2009 du prix susnommé et qui, après s'être expatriée à Berlin suite à l'élection du Leader Minimo, a déclaré récemment qu'elle trouvait « monstrueuse » la France de sarkozy, et qu'elle « trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité ».
mercredi 11 novembre 2009
Le 2e Prix Landerneau # 4
samedi 7 novembre 2009
Crane


Des champs de maïs à perte de vue. Une bicoque en bois posée entre la gravière et la voie ferrée. C'est ici que vivent les Cavanaugh.
Il y a d'abord le chef de famille : Big Duck Cavanaugh, alcoolique, faux prêcheur et véritable escroc. Puis sa femme, Flaherty, surnommée Flat ("La Plate", ce qui correspond à son physique dénué de reliefs), à demi-folle, constamment assise devant son piano à réciter et chanter des psaumes de la Bible.
Il y a aussi Letitia, d'origine sioux, plus couramment appelée Tit (ce qui, en argot américain, signifie "nichons", surnom qui convient lui aussi à son physique généreux de croqueuse d'hommes). Tit est officiellement représentante pour les produits Vita-Life et s'adone, à ses heures perdues, à la prostitution. Elle est la concubine de Big Duck qui ne voit aucun inconvénient à faire cohabiter sous le même toit sa femme et sa maîtresse.
Puis viennent les enfants. Douglas Cavanaugh Junior, l'aîné, dit Little Duck, et qui, malgré son surnom n'est pas le fils de Big Duck mais l'enfant qu'a eu Tit avec un célèbre évangéliste itinérant.
Ensuite vient Jima, qui est la fille de Big Duck et Flaherty, une enfant qui avoue dès son plus jeune âge un précoce penchant pour l'alcool.
Puis, en tout dernier, Crane, la narratrice de cette histoire (dont le nom en Sioux désigne la grue, oiseau migrateur). Crane est née défigurée, suite aux tentatives de sa mère de s'en débarrasser avant sa naissance. Elle n'est pas non plus la fille de Big Duck mais le fruit des étreintes de Tit avec un pharmacien de la région.
Nous sommes dans les années 1950, quelque part en Iowa. Les enfants Cavanaugh sont livrés à eux-mêmes. Ils ne connaissent pas le chemin de l'école et sont perpétuellement sous-alimentés. Tit, qui assure - grâce à ses activités - la survie de la maisonnée, les gave, pour tout repas, de pilules vitaminées Vita-Life afin de les maintenir dans une relative bonne santé.
Pour seule distraction, les enfants n'ont que le spectacle du train de marchandises de 21 h 49 reliant Chicago à Kansas-City. Assis au bord de la voie ferrée, ils regardent quotidiennement défiler l'interminable convoi chargé de charbon, de céréales, de bois et de papier. Le reste du temps, ils le passent à contempler l'océan de maïs qui les entoure, suivant au fil des saisons les différentes phases de la culture céréalière, les labours, les semailles, l'épandage d'engrais, de désherbants, de pesticides toxiques, et en dernier lieu la moisson.
Puis, un jour, un autre divertissement s'offre à eux : un homme vient de racheter la gravière. Plus précisément, il l'a gagnée au poker. Le perdant, un vieil ivrogne, lui a cédé la propriété de la carrière. Mais s'il est ici, ce nouveau propriétaire, ce n'est pas pour extraire du gravier. Ayant appris que le sous-sol recélait des sources, il décide de créer un lac en lieu et place de l'ancienne exploitation et d'y implanter des poissons afin d'attirer les pêcheurs amateurs de la région. Et c'est un succès ! Très vite, les pêcheurs arrivent sur les rives du lac et celui-ci se couvre peu à peu de barques et de canots à moteur. Fanelli, le propriétaire, ne compte pas en rester là. Il monte un quai et installe une boutique d'articles de pêche qui peu à peu deviendra un bar puis un grill. Fanelli va aussi construire un lotissement de trente-cinq maisons autour du lac désormais baptisé Lake Mary, en souvenir du prénom de sa mère.
Les berges du lac vont peu à peu se peupler de nouveaux arrivants, pour la plupart membres de la classe moyenne. Sous leurs fenêtres, le lac, mais aussi le taudis des Cavanaugh, posé comme une verrue sur ce paysage qui se veut enchanteur.
Les années passent, et un jour, Tit puis Big Duck disparaissent, en quête d'autres horizons, abandonnant les enfants aux mains de cette pauvre folle de Flat qui, ne se remettant pas du départ inopiné de son mari, se terre maintenant sous son lit et récite à longueur de temps l'Apocalypse de Saint-Jean.
Enfin arrive l'inéluctable. Les services sociaux du Comté, alertés par les habitants de Lake Mary, viennent chercher Crane et Jima. Little Duck, qui a déjà un emploi, échappe au placement, mais ses dux demi-soeurs sont séparées. Jima est placée dans un Foyer pour jeunes filles "en détresse" tandis que Crane est envoyée dans un couvent de religieuses d'où elle ressortira quelques années plus tard, suite à son adoption par Ollie et Ray Hopkins, un jeune couple qui a récemment emménagé... à Lake Mary.
Les habitants vont-ils reconnaître, après toutes ces années, la gamine pouilleuse au visage déformé, "le monstre du bout du lac" ? Mais la fille des Cavanaugh a beaucoup changé depuis tout ce temps. Elle a appris à lire, à écrire, et s'avère être une brillante élève, surtout dans le domaine des sciences, et en particulier dans l'étude de la vie sociale des fourmis.
Elle retrouvera pourtant au bord de ce lac les souvenirs d'autrefois en se promenant aux abords de la bicoque de ses jeunes années, aujourd'hui démolie. Elle retrouvera aussi Jump, l'adolescent pervers et brutal pour qui elle éprouve une curieuse attirance.
Une nouvelle vie a commencé pour Crane, entourée de l'affection débordante (et souvent maladroite) d'Ollie, qui tient à ce que sa "Princesse" s'intègre au sein de la communauté des habitants de Lake Mary . Mais la jeune fille taciturne ne se laisse pas abuser par les tentatives répétées et malhabiles de sa mère adoptive qui veut à toute force lui trouver des ami(e)s et lui dégotter le Prince Charmant afin de la faire accéder au pinacle de ce qu'elle pense être la réussite sociale : une épouse modèle, mère au foyer, évoluant en tenue élégante au milieu d'appareils électro-ménagers ultra-modernes, image fantasmée de la femme des années 1950-1960.
Mais Crane - si elle se prête avec indulgence et bonne volonté aux lubies d'Ollie - a d'autres préoccupations : étudier ses fourmis, bien sûr, mais aussi et surtout retrouver la trace de Little Duck et Jima.
Le roman de Lucia Nevaï, malgré les apparences, n'est pas de ces histoires sordides et misérabilistes qui font pleurer dans les chaumières. Bien au contraire, cet ouvrage nous offre un portrait tendre et amusé de cette société du Middlewest des années 1950-1960, soucieuse du Qu'en-dira-t-on ? et appliquée à paraître aux yeux du voisinage comme l'incarnation de la famille idéale, et aux yeux du monde comme le symbole de la réussite du système social nord-américain, alors considéré comme le parangon du monde occidental. Pourtant - l'auteur ne manque pas de nous le rappeller dès les premières pages - la misère est là, dissimulée cerrière cette façade clinquante de lotissements flambants neufs. La misère est là, chez ceux qui n'ont pas voulu - ou tout simplement pas pu - accepter ce modèle conformiste : marginaux de tout poil, handicapés, malades mentaux, alcooliques... tous ceux qui ne renvoient pas à la société une image dont elle puisse se glorifier.
Crane, dont on connaît les premières années difficiles, va pourtant faire voler en éclats cette image lisse d'une Amérique ronronnante. remarquablement intelligente, elle va, par exemple, surpasser de loin les enfants de bonne famille de son entourage qui s'avèrent sans exception être d'éminents crétins. Car Crane, au contraire de nombre de ses contemporains, a bien compris une chose essentielle : mieux vaut être que paraître.
Quant à sa décision, prise subitement alors qu'elle se dirige vers l'autel, en vue de son mariage, je vous laisse la découvrir. Il vous faudra pour cela apprendre par vous-même comment les fourmis lui ont sauvé la vie.
mercredi 28 octobre 2009
Un manuscrit à oublier

Quand, dans les années 1980, Umberto Eco publia ses deux romans : « Le Nom de la Rose » et plus tard « Le Pendule de Foucault », il ne se doutait certainement pas – et nous, lecteurs encore moins – du formidable engouement qu'allaient susciter ses écrits.
Ce succès légitime allait pourtant avoir une conséquence catastrophique dans le fait que nombre d'écrivaillons et d'éditeurs, tous fermement décidés à faire tinter leur tiroir-caisse, décidèrent de lui emboîter le pas en proposant aux lecteurs des romans à énigmes, mêlant intrigue policière et faits historiques plus ou moins sérieux, le tout saupoudré d'un zeste d'érudition destiné à faire croire aux lecteurs que le livre qu'ils ont entre les mains est plus qu'un simple roman destiné à les distraire, mais un ouvrage censé leur apprendre énormément de choses, voire leur révéler des secrets jalousement gardés depuis des siècles par certaines autorités soucieuses de maintenir un pouvoir occulte sur le monde contemporain.
Un autre point commun caractéristique de ce genre littéraire est le sérieux avec lequel les auteurs tentent de nous convaincre du bien-fondé et de l'extrême véracité de leurs élucubrations. On est bien loin, dans la plupart de ces romans, de la distance qu'ont su prendre avec leurs sujets des auteurs comme Adrien Goetz avec son « Intrigue à l'anglaise » qui s'amuse avec humour et sans se prendre au sérieux à remettre en cause la légitimité de la Couronne d'Angleterre.
Un autre aspect significatif de ces romans est aussi leur pauvreté lexicale, leur écriture rudimentaire faite de phrases courtes, ainsi que leurs personnages sans épaisseur, dotés d'une psychologie qui frise le zéro absolu.
Cerains de ces ouvrages réussissent quand même, malgré tout, à tirer leur épingle du jeu. J'en veux pour preuve le très célèbre « Da Vinci Code » de Dan Brown, qui, loin de faire date dans l'Histoire des Lettres, réussit quand même à tenir le lecteur en haleine grâce à un sens du suspense et à une intrigue qui force le lecteur à tourner la page pour en savoir toujours plus.
Il n'en sera pas de même, à mon avis, pour « Codex, le manuscrit oublié » de Lev Grossmann, roman qui accumule tous les défauts du genre.
Edward Wozny, un jeune banquier new-yorkais se prépare à prendre des vacances avant de partir pour Londres où l'attend un nouveau poste. Au dernier moment, son employeur lui confie une tâche bien peu en rapport avec son activité professionnelle : il s'agit de se rendre chez l'un des plus importants clients de la banque afin de répertorier les ouvrages d'une bibliothèque rapatriée d'Angleterre aux États-Unis par la richissime famille Went à l'aube de la seconde Guerre Mondiale.
Parmi toutes ces caisses remplies de livres précieux, Edward va être chargé de mettre la main sur un mystérieux manuscrit du XIVe siècle : Le Voyage au pays des Cimériens, écrit par un mystérieux chroniqueur nommé Gervase de Langford.
Parallèlement à cette recherche, Edward va se faire offrir, par un ami informaticien et un peu hacker, un jeu vidéo multijoueurs non commercialisé et qui circule sous le manteau, jeu vidéo à l'usage d'une communauté triée sur le volet de développeurs en informatique.
MOMUS, c'est le nom de ce jeu, va s'avérer posséder de troublantes ressemblances avec ce qu' Edward finit par apprendre sur le contenu du Voyage au pays des Cimériens de Gervase de Langford.
Tout cela pourrait s'avérer assez agréable à lire – les passages concernant le chroniqueur médiéval et la rédaction de son ouvrage n'étant pas dénués d'intérêt – mais on s'apercevra très vite que l'intrigue peine à démarrer, que le rythme en est poussif, les dialogues inconsistants et que l'insertion dans le récit du jeu vidéo est inintéressante au possible, voire quasiment barbante !
Quant à la conclusion du mystère, elle laisse le lecteur sur sa faim suite à des démêlés rocambolesques, embrouillés et difficilement crédibles. Las! On referme le roman en se disant : « tout ça pour ça ! » et la seule satisfaction que l'on ressent après coup est d'en avoir terminé avec cette œuvrette de 440 pages dont on a du mal à comprendre comment elle est devenue un best-seller international. Ceci dit, les best-sellers contemporains ne sont après tout, et dans la majeure partie des cas, que des romans de gare. Le livre de Lev Grossmann relève de cette catégorie, à cette nuance près qu'il est un mauvais roman de gare.
Bref, « Codex » est un roman dont le manuscrit – comme son titre l'indique – aurait gagné lui aussi à être oublié dans une pile de caisses dans la cave d'un obscur éditeur.
jeudi 15 octobre 2009
Que le spectacle commence !

Âgé de vingt-trois ans en cette année 1931, le jeune Jacob Jankowski se destine, à l'instar de son père, à la carrière de vétérinaire. Pour cela, il poursuit ses études au sein de la prestigieuse Université Cornell d'Ithaca.
Ulcéré, Jacob va devoir abandonner ses études et se retrouver à la rue et partager le destin de ces milliers d'autres personnes qui, victimes de la crise, vont tenter de retrouver une vie normale autre part.
Le voici contraint de sauter dans un train en marche vers une destination inconnue, comme tous ces trimardeurs qui voyagent clandestinement dans les wagons de marchandises, à la recherche d'un emploi ou d'une soupe chaude.
Mais le train dans lequel a sauté Jacob n'est pas un convoi de marchandises, c'est le train du cirque des Frères Benzini.
Recueilli par quatre membres de l'Escadron Volant (équipe destinée à assurer la logistique et l'installation du cirque avant l'arrivée des artistes), Jacob va trouver un emploi au sein de ce cirque itinérant, ses études de vétérinaire s'avérant fort utiles pour soigner les animaux de la ménagerie.
Mais si le jeune homme peut se considérer satisfait d'avoir trouvé si rapidement un emploi, il va vite se rendre compte que l'univers du cirque est loin d'être un havre de paix. Les employés sont en effet sous la coupe du directeur, l'Oncle Al, un individu tyrannique qui possède quasiment un droit de vie et de mort sur chacun d'entre eux. Lorsqu'un membre de l'équipe ne peut plus accomplir son travail, usé par la fatigue, la maladie ou la vieillesse, il peut s'attendre à être jeté sur la voie alors que le train est en marche. Les mauvais traitements infligés aux hommes ainsi qu'aux animaux relèvent ici de l'ordinaire et gare à celui qui ne peut plus assurer ses tâches quotidiennes !
Contraint de partager sa couchette avec le nain Kinko, qui lui voue une haine démesurée pour sa petite taille, Jacob va faire le dur apprentissage de la vie d'employé de cirque, confronté à la perversité d'August, le dresseur d'animaux, un individu sournois et pervers.
Avec « De l'eau pour les éléphants » Sara Gruen nous offre un remarquable tableau de la vie de ces cirques itinérants au sein de l'Amérique des années de la Grande Dépression. Minutieusement documenté, agrémenté de photos d'époque, ce roman nous livre un riche témoignage sur la vie dans ces entreprises dédiées au spectacle.
Malgré ce petit bémol, ce roman reste cependant très agréable à lire et le lecteur en quête de dépaysement y trouvera, je n'en doute pas, de quoi satisfaire sa soif de curiosité à propos de cet univers assez particulier des grands cirques qui sillonnaient les États-Unis dans le contexte de cette période de cataclysme social qui a suivi le jeudi noir du 24 octobre 1929.
mercredi 14 octobre 2009
Le-saviez-vous ? Il y a des sarcoptes à l'Elysée
Nous apprenions ainsi, nous pauvres contribuables, que l'argent public (le nôtre, donc) servait à entretenir un train de vie princier au roitelet des français élu en mai 2007.
Le petit individu disposerait donc à lui tout seul et pour son seul service de 8 avions (2 Airbus et 6 Falcon-Jet, dont le dernier en date, baptisé "Carla"aurait coûté 60 millions d'euros. L'un de ces Falcon 7x aurait été équipé d'une machine à café d'une valeur de 25000 euros !!!).
Mais le service du prince ne s'arrête pas là, il dispose en effet de 61 voitures de fonction et aussi d'un millier d'employés attachés à son service, dont 44 chauffeurs et 87 cuisiniers.
Dans les 300 mètres carré de l'appartement de fonction présidentiel, les fleurs se doivent d'être fraîches. Coût annuel : 280000 euros.
Lorsque Nicolas-le-petit voyage à titre privé, un avion gouvernemental vide le suit au cas où il devrait rentrer d'urgence à Paris.
Mais c'est avec stupeur que j'ai appris aujourd'hui qu'une autre forme de parasite vivait au palais présidentiel. Son nom est d'ailleurs, ironie du sort, bien choisi, il s'agit (non ce n'est pas Jean Sarkozy) du sarcopte, acarien microscopique vecteur de la gale.
Trois sous-officiers de la Garde républicaine en poste à l'Elysée ont en effet contracté cette agréable infection.
Un courrier anonyme, dont l'AFP a reçu une copie, et émanant vraisemblablement de l'un de ces Gardes républicains fait état de la "vétusté des locaux"dans lesquels sont logés ces militaires.
"Les murs de plâtre tombent en lambeaux, les chaises que les gardes ont récupéré aux ordures de l'Elysée n'ont plus d'assises."
"Chaque jour, poursuit l'auteur de ce courrier, nous devons accomplir nos missions avec des moyens dérisoires, du matériel obsolète, hors d'usage, et ceci avec la peur de la sanction et aucune reconnaissance."
Les journalistes d'outre-Rhin, dans l'article précédemment cité, n'avaient pas hésité à qualifier notre président de "successeur du Roi-Soleil" et c'est à juste titre, car le palais de celui-ci, tel Versailles en son temps, cache sous les dorures, les réceptions fastueuses et les dépenses somptuaires une toute autre réalité où règne la crasse et une hygiène douteuse, conséquence d'une gestion catastrophique toute entière dédiée au service du seul monarque, de sa famille et de ses courtisans.

dimanche 11 octobre 2009
"Lève-toi et marche !"

Le tout dernier roman d'Yves Viollier (que j'avais découvert avec « Les sœurs Robin ») nous entraîne cette fois-ci dans les pas de Marie Gendreau, une femme d'une quarantaine d'années qui, devenue veuve, s'est consacrée à l'éducation de son fils unique, Simon, mais aussi et surtout à son engagement associatif au sein des JOC (Jeunesse Ouvrière Catholique).
Et c'est ainsi que Simon rentre chez lui, accueilli par une mère profondément inquiète à son sujet, prête à tout pour le sortir de ce noir écheveau de pensées qui semble le ronger de l'intérieur.
Mais la vie continue et Marie doit continuer à s'occuper des adolescents en difficulté qu'elle a pris en charge dans le cadre de la mission épiscopale qui lui a été confiée. Pendant ses absences, Simon reste seul à la maison, broyant du noir.
Puis un jour, c'est le choc. Simon a voulu mourir et s'est défenestré.
Après une longue période de coma, il va reprendre conscience mais va se réveiller paraplégique.
Déjà accablée par la mort de son mari, voici Marie face au cruel constat d'un fils qui a voulu mettre fin à ses jours et qui se retrouve finalement contraint de se déplacer dans un fauteuil roulant. Comment en sont-ils arrivés là tous les deux ? Leur altruisme, leur engagement envers les plus faibles, attitude qui nourrissait leur foi chrétienne, n'était-il que le chemin qui allait les mener tous deux vers cette impasse ?
Alors chez Marie le doute s'installe : pourquoi dépenser son temps et son énergie à tenter d'aider les autres, au point de négliger le malaise de ceux qui nous sont les plus proches ? Pourquoi tenter de faire le bien autour de soi, si en retour n'adviennent que malheurs et désillusions ? Dieu veut-il la mettre à l'épreuve comme il le fit pour le prophète Job, ou n'est-il qu'une entité pétrie d'indifférence et d'ingratitude ? Au final, Dieu existe-t-il ? Ou n'est-il qu'une création de l'esprit, une marionnette que l'on agite pour se donner bonne conscience et donner un sens à la vie?
Les réponses à ses interrogations, elle les trouvera au sein du groupe d'adolescents dont elle a la charge, ces gamins esquintés par l'existence et qui tentent de se relever, n'ayant comme seule arme que leur foi et leur détermination. La réponse , elle la trouvera aussi peut-être dans ce conte brésilien qu'elle partage avec d'autres fidèles un soir de Noël, lors de la messe de minuit :
Yves Viollier, auteur vendéen, appartient à la Nouvelle École de Brive, mouvement littéraire spécialisé dans les romans dits « de terroir », ce qui ne transparaît pas dans les deux ouvrages que j'ai lus de lui à ce jour.
Avec « Aide-toi et le ciel... », nous suivons le parcours d'une mère et de son fils, profondément engagés dans l'action charismatique, mais qui vont malheureusement se retrouver confrontés à une série d'évènements malheureux qui ira jusqu'à faire vaciller leur foi chrétienne.
Je ne cacherais pas que j'ai eu un peu peur au début de ce roman. En effet, au vu du contexte, je craignais une apologie d'une certaine forme de militantisme chrétien empreint de prosélytisme, émanant de certains milieux catholiques trop souvent conservateurs et réactionnaires, voire familiers des idées nauséabondes d'extrême-droite. Il n'en est rien heureusement car Yves Viollier nous décrit ici des adhérents de la JOC, association de jeunes chrétiens créée en 1925 et qui a su, contrairement à d'autres mouvements, s'opposer lors de l'Occupation au régime de collaboration de Vichy et à l'attitude complaisante de l'Église en faveur de l'occupant nazi.
Je craignais aussi en abordant ce roman, de me trouver face à un de ces ouvrages qui veulent absolument véhiculer un message à portée philosophique et / ou religieuse, de ces livres qui prétendent apporter au lecteur les recettes du bonheur, comme excellent à le faire (bien pauvrement) des auteurs tels que Paulo Coelho. Mais Yves Viollier est, et reste un auteur, pas un quelconque gourou. Son but, en écrivant ce roman, vise surtout, à mon humble avis, à rendre un vibrant hommage à nombre d'anonymes qui œuvrent à leur manière à rendre la société plus humaine et plus généreuse.
Je ne cacherais pas non plus que j'ai moins aimé ce roman que « Les sœurs Robin », l'intrigue m'étant apparue cousue de fil blanc et par trop prévisible.
Me reste cependant l'impression d'un ouvrage agréable à lire mais qui malheureusement ne me laissera pas de souvenirs impérissables.
