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Affichage des articles du mars, 2008

Les Cendres

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"La Route" Cormac Mc Carthy. Roman. Editions de l'Olivier, 2008. Traduit de l'anglais (Etats-unis) par François Hirsch. Depuis combien de temps marchent-ils sur cette route ? Devant eux ils poussent un vieux caddie rempli d'objets nécessaires à leur survie : nourriture, couvertures... Autour d'eux tout n'est plus que cendres. Le monde que nous connaissons n'est plus. Il a disparu dans ce qui apparemment ressemble à un conflit nucléaire. Tout est calciné, il n'y a plus ni végétation ni animaux. Les jours sont courts, sous un ciel gris et bas que ne perce pas la lumière du soleil. Le froid s'est installé en un hiver perpétuel. Alors l'homme et son fils marchent vers le Sud, vers la mer. Là, peut-être trouveront-ils un peu plus de chaleur, un peu plus de lumière, quelque chose aussi qui puisse ressembler à une ébauche de civilisation ? C'est leur voyage que nous décrit Cormac Mc Carthy dans ce très beau roman dépouillé à l'extrême. Pas

Le 6ème Prix des Lecteurs du Télégramme # 5

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"Ton silence est un baiser" Denis Labayle. Roman. Julliard, 2007. Cette nuit, nous sommes passés à l'heure d'été. Une heure de perdue, évaporée, atomisée, pour une journée de vingt-trois heures. Ce n'est pas rien, une heure, ça compte dans le timing d'une journée. D'ailleurs ce décalage de soixante minutes – comme deux fois par an depuis l'instauration en 1974 de cette mesure censée réduire nos dépenses d'énergie – fait le bonheur des chronobiologistes de tout poil invités à discourir dans les médias sur les méfaits de cette mesure sur notre horloge biologique, notre sommeil, notre appétit, etc... Tous les six mois, les mêmes discours encombrent les colonnes de nos quotidiens et saturent nos écrans télévisuels pour nous ressasser les mêmes lieux communs. Ce genre de sujet est appelé un « marronnier » dans le langage journalistique : on peut le placer tous les ans sans poser aucun probléme et y revenir régulièrement pour combler une actualité peu

Spin Doctors

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"L' Idéologie" Stéphane Osmont. Roman. Grasset, 2008 Il s'appelle Evariste Kowalski. Son job : « Spin Doctor ». Il appartient à cette caste méconnue des « Lobbyists », ces agents d'influence qui manipulent l'opinion publique. De la politique à la haute-couture, en passant par l'actualité, l'édition et tous les domaines touchant le grand public, ces hommes de l'ombre n'ont qu'un seul but : influencer la majorité d'entre nous. De leur talent dépend l'ascension ou la chute de tel ou tel homme politique, le succès d'un roman, d'un genre musical, voire le déclenchement d'une guerre. Ces hommes sont tout puissants, ils manipulent l'opinion à travers les médias comme un enfant le ferait d'une boule de pâte à modeler. Toujours en retrait, ils sont l'éminence grise des politiques, des patrons des grands groupes côtés en bourse, des créateurs de mode, des écrivains renommés... Leurs honoraires atteignent des proporti

Le 6ème Prix des Lecteurs du Télégramme # 4

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"Les Discrets" Arnaud Le Gouëfflec. Roman. Gingko éditeur, 2007. Ils sont partout. Pourtant, nul ne les remarque. Et pour cause. Eux, ce sont les Discrets. Nul ne les remarque quand ils marchent dans la rue, empruntent les transports en commun ou entrent dans un magasin. Leur apparence, leur attitude, sont tellement ternes et banales que le regard glisse sur eux ou les traverse comme s'ils étaient faits de matière transparente. Ils sont passés maîtres dans l'art du camouflage en milieu urbain. À tel point qu'ils se sont organisés en une société secrète. Pas de grands projets révolutionnaires pour cette confrérie des invisibles, si ce n'est celui de vivre à l'écart des regards dans le plus strict anonymat. Pourtant, une menace pèse sur les Discrets : un mystérieux personnage s'acharne à les débusquer un par un dans le but de les éliminer. Pour toute signature, le tueur laisse sur ses victimes un message écrit en lettres de sang : « Vu! ». Afin de fair

Le 6ème Prix des Lecteurs du Télégramme # 3

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"La chaussure sur le toit" Vincent Delecroix. Roman. Gallimard, 2007. Une chaussure abandonnée sur un toit de Paris. Quoi de plus banal ? Mais quoi de plus insolite aussi ? Cette chaussure oubliée est le point de départ et le fil rouge du roman de Vincent Delecroix. En une dizaine de récits, l'auteur nous livre différents points de vue sur l'explication de la présence de cette chaussure égarée. A qui appartient-elle ? Comment est-elle arrivée sur le toit de cet immeuble situé près de la Gare du Nord ? Est-ce un ange triste qui l'a égarée ? Un cambrioleur épris de vengeance ? Un jeune africain sans-papiers ? Un présentateur vedette d'une émission littéraire reconverti à l'érémitisme et à la philosophie ? Un trio de braqueurs aux pseudonymes empruntés à l'Iliade d'Homère ? Un chien irrité par l'attitude de son maître ? Cette chaussure sera aussi à l'origine des inquiétudes d'une vieille dame solitaire, de la révélation picturale d'un

See you later !

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Le Bibliomane s'absente pour quelques jours, le temps d'une petite escapade en Auvergne où il va participer à la rencontre des membres du forum littéraire " Parfum de livres...Parfums d'ailleurs" . À mardi prochain pour de nouvelles chroniques livresques. Passez un bon week-end. Good bye ! ...

Tant que le vent soufflera...

Tant que le vent soufflera ... envoyé par Free-Tibet

Le Feu

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"Abreuvons nos sillons" Skander Kali. Roman. Editions du Rouergue, 2008. Tout commence par une émeute dans la prison Notre-Dame. C'est l'été 2003 et la canicule fait monter la température à 42 degrés dans les cellules. Les taulards se mutinent et très rapidement la situation dégénère. Des matons sont tués et le directeur est pris en otage. Les détenus les plus enragés veulent le mettre à mort. Abdul, Karim et Cissé s'interposent. Au nom des Droits de l'Homme ils organisent un procès. Peine perdue, leur tentative d'appliquer la justice se heurte à la colère et à la sauvagerie des autres détenus. Le directeur est poignardé puis décapité, Karim et Abdul sont pendus, Cissé est lynché et laissé pour mort dans la cour de la maison d'arrêt incendiée. Cissé sait qu'il va mourir là, dans le sang et les flammes. Alors ses souvenirs remontent à la surface en un lent flashback expliquant les multiples raisons qui l'ont amené à mourir dans cette cour d

H1N1

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"Putains de pauvres !" Maurice Gouiran. Roman. Editions Jigal, 2007 Les pauvres. Ils sont partout. Ils sont de plus en plus nombreux. Leur présence fait tache dans le décor des grandes villes où ils encombrent les trottoirs, font la manche, importunent les passants et s'endorment dans de vieux cartons. La cité phocéenne n'échappe pas à la règle et les SDF ne se comptent plus, tant la misère et l'indifférence sociale ont fait de ravages. Ces naufragés de la vie sont si nombreux qu'ils n'inspirent plus ni le respect ni la compassion mais plutôt un sentiment de gêne quand ce n'est pas tout simplement une réaction de rejet. Clovis Narigou – ex-journaliste reconverti dans l'élevage de chèvres et personnage principal des romans de Maurice Gouiran – va se retrouver brutalement confronté à la dure réalité sociale et à la détresse des plus pauvres quand une ancienne connaissance reprend contact avec lui. Ce fantôme du passé, c'est Laura, un ancien amour

Le 6ème Prix des Lecteurs du Télégramme : C'est reparti !

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C'est avec grand plaisir que je participe cette année pour la deuxième fois au Prix des Lecteurs du Télégramme. Dix romans et récits sont en compétition. Je n'en lirais que neuf car "Intrigue à l'anglaise" d'Adrien Goetz a déjà été chroniqué sur ce blog, ici . Il faudra ensuite voter par courrier et au mois de Juin le prix sera attribué au roman qui aura obtenu le plus grand nombre de voix. Par tirage au sort, trente membres du jury se verront décerner un Chèque-Lire d'une valeur de 15€ chaque mois pendant un an. Tentant non ? Voici la sélection de cette année :

Le 6ème Prix des Lecteurs du Télégramme # 2

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"Palestine" Hubert Haddad. Roman. Editions Zulma, 2007. Cham est soldat dans l'armée de Tsahal en Cisjordanie. À quelques heures de sa permission il est désigné pour effectuer une dernière patrouille le long de la clôture de protection. Soudain, alors que tout paraît tranquille, lui et l'officier qui l'accompagne sont pris en embuscade par un commando palestinien. L'adjudant Tzvi est tué et Cham, blessé à l'épaule, est enlevé. Quand il reprend conscience, il est devenu un prisonnier des fedayins. Le traumatisme de l'assaut ainsi que sa blessure l'ont rendu amnésique. Qui est-il ? Il ne porte sur lui aucun papier d'identité. Fiévreux, à demi-inconscient, il est soigné au domicile d'une veuve aveugle, Asmahane, et de sa fille Falastìn. Le père, responsable politique opposé à la lutte armée, a été abattu dans sa voiture lors d'un accrochage avec l'armée israëlienne. Nessim, le frère de Falastìn, a disparu sans que l'on sache s'

Le 6ème Prix des Lecteurs du Télégramme # 1

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"Tribulations d'un précaire" Iain Levison. Récit. Editions Liana Lévi, 2007. Traduit de l'américain par Fanchita Gonzalez Batlle. « Au cours des dix dernières années, j'ai eu quarante-deux emplois dans six Etats différents. J'en ai laissé tomber trente, on m'a viré de neuf, quant aux trois autres, ç'a été un peu confus. C'est parfois difficile de dire exactement ce qui s'est passé, vous savez seulement qu'il vaut mieux ne pas vous représenter le lendemain. Sans m'en rendre compte, je suis devenu un travailleur itinérant, une version moderne du Tom Joad des Raisins de la colère . À deux différences près. Si vous demandiez à Tom Joad de quoi il vivait, il vous répondait : « Je suis ouvrier agricole. » Moi, je n'en sais rien. L'autre différence, c'est que Tom Joad n'avait pas fichu quarante mile dollars en l'air pour obtenir une licence de lettres. » C'est par cet amer constat que Iain Levison – dans les toutes pre

Le pot de départ

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Guy, Je sais que tu ne liras jamais ces mots parce que – tu me l'as dit – les ordinateurs, internet, tout ça, c'est pas ton truc. Toi tu préferes bricoler, t'occuper de ton jardin, entretenir ta voiture... Quand je suis arrivé dans ce boulot, il y a trois semaines, on m'a dit que j'allais reprendre ton poste parce que tu t'en allais. Alors tu m'as tout montré, les petites astuces qui rendent le travail moins pénible, les coins et les recoins de cet hopital que tu avais fini par connaître par coeur. Tu m'as présenté ceux en qui je pourrais avoir confiance et tu m'as aussi désigné les autres, les faux-culs, les arrivistes, les petits chefaillons qui passent leurs journées à épier ce que nous faisons dans le but de nous coincer. J'ai cru au début que tu partais en retraite et puis tu m'as dit la vérité. Quand tu es arrivé là, à 55 ans, on t'avait promis que tu ferais cinq années, que tu pourrais ainsi aller tranquillement jusqu'à l'â

Marketing

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"Carton" Serge Joncour. Roman. Eden Fictions, 2003. Le narrateur de « La métamorphose » de Kafka se réveillait un matin dans la peau – ou plutôt la carapace – d'un cafard. Nudeu, le personnage central de « Carton » prend, quant à lui, peu à peu l'aspect d'une effigie cartonnée grandeur nature et en deux dimensions. Il faut dire que Nudeu est libraire dans un hypermarché. Sa tâche n'est pas des plus passionnantes, son rayon est coincé entre celui de la maroquinerie et celui de la boucherie, et les livres qu'il dispose sur ses linéaires sont plus souvent des succès commerciaux que des chefs-d-oeuvre de la littérature. Alors Nudeu végète, tranquillement, passant ses journées à observer les clients et à jeter des regards concupiscents sur l'accorte bouchère du rayon voisin. Peu de clients s'arrêtent au coin-librairie, leurs motivations sont bien éloignées de la lecture. Celles de Nudeu également. Il empile et range ses livres comme il le ferait de n&

8 mars : Journée Internationale des Femmes

Women in Art envoyé par kirio

10ème Printemps des Poètes

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ELOGE DE L'AUTRE Celui qui marche d’un pas lent dans la rue de l’exil C’est toi C’est moi Regarde-le bien, ce n’est qu’un homme Qu’importe le temps, la ressemblance, le sourire au bout des larmes l’étranger a toujours un ciel froissé au fond des yeux Aucun arbre arraché Ne donne l’ombre qu’il faut Ni le fruit qu’on attend La solitude n’est pas un métier Ni un déjeuner sur l’herbe Une coquetterie de bohémiens Demander l’asile est une offense Une blessure avalée avec l’espoir qu’un jour On s’étonnera d’être heureux ici ou là-bas. Tahar Ben Jelloun - Tanger, 7 octobre 2007 Je remercie Coline du forum " Parfum de livres, Parfum d'ailleurs " qui m'a adressé ce très beau poème de Fernando Pessoa : « Nous changeons de jour en jour aux yeux de celui Que nous ne verrons pas demain.Et d’heure en heure Notre personne va diverse et successive Descendant d’immenses escaliers maintenant. C’est une foule qui descend, où nul ne sait Rien des autres. Je les vois miens et dehors. A

Haïku blanc

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"Neige" Maxence Fermine. Roman. Editions Arléa, 1999. Dans le nord du Japon, à la fin du XIXème siècle, sur l'ïle d'Hokkaïdo, le jeune Yukio Akita vient d'avoir dix-sept ans. C'est le moment pour lui de choisir ce qu'il fera de sa vie. Fils d'un prêtre shintoïste, la tradition familiale veut qu'il choisisse entre la carrière militaire et la vie religieuse. Mais Yukio refuse ce choix. Il veut devenir poète. Sa vie est en effet gouvernée par deux passions, l'écriture de haïkus et la blancheur de la neige dans laquelle il trouve l'inspiration nécessaire à la composition de ses poèmes. Fermement ancré dans ses convictions, Yukio décide de partir chaque jour très tôt afin de se rendre sur la montagne. Là, il écrira soixante-dix-sept haïkus célébrant la blancheur de la neige. Un jour de printemps, un visiteur se présente à la demeure familiale. L'homme est un poète de la Cour de l'Empereur qui a entendu parler des écrits de Yukio. Il souh