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Affichage des articles du avril, 2009

Le peuple Kesh

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"La vallée de l'éternel retour" Ursula Le Guin. Roman. Actes Sud, 1994. Traduit de l'américain par Isabelle Reinharez. On ne présente plus Ursula K. Le Guin, célèbre auteur de science-fiction et de fantasy, dont les « Contes de Terremer » ont enchanté plus d'un lecteur à travers le monde. D'autres ouvrages, par contre, sont restés plus confidentiels, comme ses « Chroniques Orsiniennes » et « La vallée de l'éternel retour », ouvrage quasiment inclassable qui, bien qu'évoquant ces deux genres littéraires, n'appartient ni à la fantasy ni à la science-fiction. Il en est de même pour la trame du récit, qui oscille entre le romanesque et l'étude scientifique. Le terme d'ethnofiction est en fait le plus approprié pour saisir la teneur de cet ouvrage qui se présente sous la forme d'un recueil d'articles que l'on pourrait croire rédigés par un anthropologue décrivant un peuple exotique. Cependant, ne cherchez pas dans les pages d'

Le 7ème Prix des lecteurs du Télégramme # 6

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"Bilal sur la route des clandestins" Fabrizio Gatti. Récit. Editions Liana Levi, 2008 Traduit de l'italien par Jean-Luc Defromont. L'espèce humaine, c'est bien connu, a toujours éprouvé le besoin de désigner des boucs émissaires, victimes expiatoires offertes en pâture à la vindicte populaire, cristallisant en elles toutes les angoisses et les inquiétudes de leurs persécuteurs. Ces pratiques se sont particulièrement incarnées dans les sociétés occidentales depuis le haut moyen-âge et elles continuent plus que jamais à sévir aujourd'hui. Ce furent tout d'abord les juifs, les femmes, les hérétiques, les libre-penseurs... Ce sont aujourd'hui les jeunes, les pauvres, les chômeurs, les étrangers (surtout quand leur couleur de peau et leur religion différent de la nôtre). Que dire alors des « clandestins », ces nouveaux parias qui bien souvent au regard du public, incarnent à eux seuls toutes ces « déviances » sociales ? Le terme même de « clandestins » n

Le 7ème Prix des lecteurs du Télégramme # 5

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"Même le mal se fait bien" Michel Folco. Roman. Editions Stock, 2008. Quand le général d'Empire Charlemagne Tricotin de Racleterre (âgé de 50 ans) épouse à Turin en 1813 Giulietta Benvenuti (19 ans), il ne devine pas que l'issue de la cérémonie de mariage va lui être fatale et encore moins qu'il va donner naissance à une progéniture qui ne manquera pas de faire parler d'elle au cours des décennies suivantes. Le mariage ayant été consommé avant la cérémonie, la toute jeune veuve du général de la Grande Armée va mettre au monde quelques mois plus tard un rejeton qui sera baptisé sous le nom de Carolus. Celui-ci deviendra médecin dans le petit village piémontais de San Coucoumelo où son caractère irascible, sa passion pour la taxidermie (sûrement héritée de la vue de son père dont le cadavre a été embaumé et exposé dans un cercueil de verre déposé dans le mausolée des Tricotin) ainsi que son anticléricalisme notoire et sa rivalité avec le maire, ont fait de lui u

Meurtres dans un jardin anglais

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"Le mystère des jardins perdus" Anthony Eglin. Roman. Editions de fallois, 2007 Traduit de l'anglais par Isabelle Caron. Deuxième volet des enquêtes de Lawrence Kingston, le jardinier-détective, « Le mystère des jardins perdus » a pour cadre la région du Somerset où une jeune américaine vient d'hériter de manière inexplicable d'un manoir du XVIIIe siècle. Entouré de magnifiques jardins qui ont fait sa renommée dans la première moitié du XXe siècle, et qui depuis ont été laissés à l'abandon pendant plusieurs décennies, Wickersham Priory nécessite un effort colossal, tant en bras qu'en argent, afin de retrouver ses fastes d'antan. La nouvelle propriétaire des lieux, Jamie Gibson, qui a quitté les États-Unis pour les vertes collines du Somerset, est fermement décidée à prendre le taureau par les cornes et à redonner aux jardins leur aspect originel. Elle fait donc appel à Lawrence Kingston, ancien professeur de botanique et directeur de recherches à l&#

La vieille dame qui lisait trop

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"La Reine des lectrices" Alan Bennett. Roman. Editions Denoël, 2009. Traduit de l'anglais par Pierre Ménard. Une des nombreuses vertus de la littérature en général (et de certains romans en particulier) est, on le sait, l'influence que celle-ci peut avoir sur notre destinée. Découvrir la littérature, c'est ouvrir son esprit à d'autres mondes, d'autres modes de pensée, d'autres conceptions de l'existence et de la condition humaine. C'est aussi s'oublier soi-même dans d'autres destins, d'autres histoires et faire l'expérience de sentiments, de sensations et d'évènements que notre existence, bornée dans le temps et dans l'espace, ne pourrait appréhender à elle seule. Ouvrir un livre, c'est échanger le monde qui nous entoure contre un autre, réel ou imaginaire, dans lequel nous allons vivre pendant quelques jours ou quelques heures en laissant de côté les contingences du réel. Un lecteur, profondément plongé dans l'o

Le 7ème Prix des lecteurs du Télégramme # 4

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"Le Montespan" Jean Teulé. Roman. Editions Julliard, 2008. Après une biographie de François Villon qui nous avait plongés dans un Moyen-Âge sordide et cruel, Jean Teulé revient cette fois-ci avec un roman de facture plus légère en nous relatant les déboires de l'un des cocus les plus célèbres de l'Histoire de France en la personne de Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, plus connu sous le nom de marquis de Montespan. Le 28 janvier 1663, Louis-Henri de Pardaillan épouse à Paris Françoise de Rochechouart de Mortemart pour ce qu'il pense être le meilleur. Qui pourrait penser en effet que ce mariage sera cause de maints tourments à venir ? Son épouse est l'une des plus belles femmes du royaume, dotée qui plus est d'un esprit vif et prompt à la répartie et aux bons mots. Les deux époux semblent s'accorder à merveille et, fait rare à cette époque, un sentiment réciproque les a unis. Seule ombre au tableau, les Montespan ne sont pas bien vus à la Cour du Roi