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Affichage des articles du mars, 2009

Modesta

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"L'art de la joie" Goliarda Sapienza. Roman. Editions Viviane Hamy, 2005. Traduit de l'italien par Nathalie Castagné. Elle s'appelle Modesta et elle est née le 1er Janvier 1900 quelque part dans la campagne sicilienne. Elle grandit dans la misère, entre une mère taciturne et une sœur, Tina, handicapée mentale. Son seul univers, c'est une bicoque sombre, envahie de nuées de mouches. Un jour, alors qu'elle n'est encore qu'une enfant, un homme qui prétend être son père se présente. Il enferme la mère et la sœur de Modesta dans le cabanon qui sert de toilettes, et viole la petite fille. Le lendemain, on retrouvera la mère et la sœur massacrées à coups de couteau. Modesta sera recueillie par des religieuses et va grandir au sein d'un couvent dirigé par une abbesse férue d'astronomie, mère Leonora. Les années vont passer dans le calme de cet univers clos et Modesta , qui auparavant ne savait ni lire ni écrire, va découvrir la bibliothèque. Une bo

Le 7ème Prix des lecteurs du Télégramme # 3

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"Dans la ville des veuves intrépides" James Cañon. Roman. Editions Belfond, 2008. Traduit de l'américain par Robert Davreu. Mariquita est un petit village perdu quelque part en Colombie. La vie s'y écoule plus ou moins paisiblement autour de la place centrale, dominée, comme partout en Amérique latine, par son église à la façade baroque. Mais nous sommes en Colombie et la guérilla fait rage dans les montagnes et les forêts alentour. L'atmosphère somnolente de cette petite bourgade sans histoire est régulièrement troublée par les incursions des guérilleros communistes, des paramilitaires de droite ou des forces de l'armée régulière. Aussi, quand un dimanche matin une troupe de guérilleros arrive à Mariquita, les habitants du village – habitués à ces visites impromptues, parfois violentes, souvent destinées à réquisitionner vivres et biens – se montrent peu impressionnés par les coups de fusil tirés en l'air et les mines menaçantes de ceux qui proclament app
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"Après le plaisir de posséder des livres, il n'y en a guère de plus doux que d'en parler." CHARLES NODIER Caricature de Charles Nodier (1780-1844) en bibliomane par Benjami et publiée dans le Charivari.

Le 7ème Prix des lecteurs du Télégramme # 2

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"Fleurs de tempête" Philippe Le Guillou. Récit. Gallimard, 2008. Philippe Le Guillou est un auteur que j'affectionne tout particulièrement. Découvert avec « Le dieu noir » puis avec « La rumeur du soleil » et « Livres des guerriers d'or », cet auteur si discret dans le Landernau littéraire français m'a toujours impressionné par la qualité de son écriture, la puissance des images qu'elle évoque, la poésie et le pouvoir d'évocation qui se dégagent de ses écrits. Je connais (en partie seulement) l'oeuvre romanesque de Philippe Le Guillou avec les trois romans cités plus haut ; je n'ai pas eu le plaisir de découvrir son travail d'essayiste (notamment sur Julien Gracq et Chateaubriand) et j'ignorais, jusqu'à la lecture de « Fleurs de tempête », qu'il était également auteur de récits. C'est donc au genre du récit qu'appartient cet ouvrage où l'auteur se met lui-même en scène pour nous raconter l'histoire poignante d&#

Le 7ème Prix des lecteurs du Télégramme # 1

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"Courir" Jean Echenoz. Roman. Editions de Minuit, 2008. Jusqu'ici, je n'avais jamais eu l'occasion de lire un roman de Jean Echenoz. C'est maintenant chose faite avec « Courir ». Pourtant, ce n'était pas gagné d'avance : le titre ne m'inspirait pas plus que ça et quand j'ai su qu'il s'agissait (disons-le pour simplifier les choses) d'une « biographie » d' Émil Zatopek , mon peu d'intérêt pour tout ce qui touche de près ou de loin au monde du sport a bien failli me décourager de me lancer dans la lecture de cet ouvrage. Bien sûr, cette figure emblématique de la course à pied ne m'était pas inconnue, l'ayant rencontrée pour la première fois dans mes jeunes années lors d'un exercice de lecture à l'école primaire, exercice qui eut pour résultat de graver dans ma mémoire ce curieux patronyme aux étranges consonances. Mais depuis je n'en ai guère appris plus sur cet homme et l'on aurait pu m'affirmer q

Le 7ème Prix des lecteurs du Télégramme

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C'est avec grand plaisir que je participe cette année pour la troisième fois au Prix des Lecteurs du Télégramme. Dix romans et récits sont en compétition. Il faudra ensuite voter par courrier et au mois de Juin le prix sera attribué au roman qui aura obtenu le plus grand nombre de voix. Par tirage au sort, trente membres du jury se verront décerner un Chèque-Lire d'une valeur de 15€ chaque mois pendant un an. Tentant non ? Voici la sélection de cette année : " Fleurs de tempête " de Philippe Le Guillou ( Gallimard ) " Les Années " de Annie Ernaux ( Gallimard ) " Le Montespan " de Jean Teulé ( Julliard ) " Les Déferlantes " de Claudie Gallay ( Rouergue ) " Bilal sur la route des clandestins " de Fabrizio Gatti ( Liana Levi ) " Même le mal se fait du bien " de Michel Folco ( Stock ) " Le soldat et le gramophone " de Sasa Stanic ( Stock ) " Dans la ville des veuves intrépides " de James Canon ( Belfond

Les vivants et les morts

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" Vie et Destin" Vassili Grossman. Roman. Editions L' Age d'Homme, 1980. Si certains des romans qui encombrent aujourd'hui les étalages des librairies n'étaient jamais publiés, la face du monde littéraire n'en serait que bien peu affectée tant la médiocrité et la futilité de ces romans élaborés avec force études de marché et plans marketing laissent pantois les lecteurs dotés d'un minimum de sens critique et de respect de la littérature. D'autres, au contraire, romans essentiels et de grande qualité, restent méconnus ou, pire encore, ne sont pas édités, voire interdits car ne correspondant pas à la ligne définie par certaines idéologies commerciales ou politiques. Ce fut le cas pour « Vie et Destin », le chef-d'œuvre de Vassili Grossman , roman qui faillit bien passer à la trappe lorsqu'il fut achevé en 1962. Le propos de ce livre a été alors jugé tellement subversif par le pouvoir soviétique que le manuscrit fut saisi et mis sous les verr

Le Printemps des Poètes

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La Poésie Contre la vitesse et la loi du marché, la poésie est bohême, l'humanité y marche à pied. Elle se veut dans un ciel bleu de méthylène, où les oiseaux sont couverts d'un tablier d'or. elle ne couche pas dans les maisons de nos architectes montées sur un échafaudage d'idées artificielles ; pas plus entre le terrain vague du mensonge et la vérité. Avec elle, dans la course aux rêves, le poète court en tête. Valence Rouzaud, in "Rentier", éditions Les Deux-Siciles