"Les cons, ça ose tout..."
"Mort aux cons" Carl Aderhold. Roman. Hachette Littératures, 2007.
Qui n’a pas rêvé un jour de se débarrasser de certaines personnes de son entourage, généralement qualifiées de « cons » ou de « connes » ? L’espèce, il faut bien le dire, en est fort répandue et je ne connais à ce jour personne qui n’ ait été confronté à cette engeance et n’ait souhaité utiliser des moyens peu avouables pour s’en défaire. Heureusement, ces pulsions criminelles, qui nous poussent à imaginer toutes les morts possibles pour ces fâcheux, en restent, dans la majorité des cas, au stade du fantasme.
Ils sont partout : au travail, dans notre voisinage, sur la route, en ville ou à la campagne, dans les gares, les aéroports, les grandes surfaces, et même au sein de votre propre famille…et si, rentrés chez vous, vous croyant à l’abri de leurs nuisances, vous avez la malheureuse idée de lire le journal ou d’allumer votre radio ou, pire encore, votre poste de télévision, attendez vous à les voir déferler au sein de votre foyer tel un tsunami ravageur.
Ils sont pire que les blattes, vous en écartez un, il en surgit cent autres. Alors comment faire pour les éviter ? À moins de s’exiler au fin fond du désert ou de s’exiler vers une lointaine planète inhabitée, nul n’échappe au phénoménal pouvoir de nuisance des cons. Que faire alors ? Les exterminer ? Voilà une solution séduisante mais malheureusement vouée à l’échec. Le con est une espèce qui se reproduit et se multiplie à une vitesse phénoménale. On en trouve des spécimens là où l’on s’y attendrait le moins et celui ou celle qui voudrait les éradiquer jusqu’au dernier mènerait un combat perdu d’avance, une croisade sans fin qui ne pourrait se solder que par l’extinction du genre humain tout entier. Nous sommes tous en effet le con (ou la conne) de quelqu‘un et vouloir en finir avec la connerie, c’est s’exposer soi-même à devenir la victime de son propre dessein.
C’est pourtant une croisade de cet ordre que va mener le personnage principal du roman de Carl Aderhold, un personnage jusqu’ici sans histoires qui, par la force des choses, va s’engager dans ce combat contre la connerie ordinaire, celle que l’on rencontre tous les jours en bas de sa porte. Et il va avoir fort à faire, confronté à toute une typologie de cons patentés, de ceux que nous avons tous rencontrés : les chauffards, les bricoleurs du dimanche, les beaufs, les malpolis, les petits chefaillons, les jeunes du dessus qui font brailler leur musique à toute heure, les agents des impôts, de la SECU ou de l’ANPE, et tous les autres, les anonymes, les cons par vocation, ceux dont la connerie est une marque de fabrique, un apostolat, et qui sans elle ne seraient rien. Il ira même jusqu’à occire un con notoire, un politique « au discours sans langue de bois », ministre de l’Environnement qui pense (nous sommes avant 2007) à la présidence de la République. On pensera bien évidemment à une certaine personne (qui dans la réalité n’a pas occupé ce poste) au vu de ce discours prononcé dans un village de l’Est de la France lors de l’épidémie de grippe aviaire : « Vous en avez marre de toute cette volaille ? lança-t-il en direction de la foule. Eh bien on va vous en débarrasser ! J’ai déjà pris la décision de faire nettoyer entièrement le village au Kärcher pour éviter tout risque potentiel. […] La République ne tolérera aucun cas de grippe aviaire dans votre département. Il n’y aura pas d’épidémie. Je vous le garantis. »
Quand on apprend ce qu’il advient du dit ministre quelques pages plus tard, on se prend à regretter que « Mort aux cons » ne soit qu’une oeuvre de fiction…
Les cons étant, nous l’avons dit, une espèce surabondante, l’accumulation de morts suspectes autour de notre héros ne va pas manquer d’attirer l’attention, et le commissaire Marie, un flic un peu philosophe qui n’est pas loin de partager les mêmes idées que le suspect, (il aime à citer la phrase de Michel Audiard tirée des « Tontons flingueurs » : « Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. ») va s’intéresser de près aux faits et gestes de ce justicier d’un genre nouveau. Va alors s’installer un jeu du chat et de la souris entre le flic et le suspect, une relation oscillant entre méfiance et amitié qui trouvera un aboutissement pour le moins inattendu qui fera de notre éradicateur de connerie ce qu’il n’avait pas un instant imaginé devenir…
« Mort aux cons » est, on l’a deviné, un véritable jeu de massacre dans lequel toutes les formes de connerie répertoriées à ce jour sont passées en revue. On s’amuse, pour avoir été confronté soi-même à nombre de ses représentants, à cette vaste taxinomie de la connerie humaine qui va du voisin de palier au ministre précédemment cité et jusqu’au néo-philosophe mondain et chevelu qui porte un avis sur tout et n'importe quoi.
Même si l’exécution de ces cons apparaît parfois un peu facile et expéditive, au contraire du roman d’Antoine Laurain « Fume et tue » qui recensait lui aussi une belle galerie de cons-temporains et qui mettait en scène des meurtres d’une habileté machiavélique, on s’amuse quand même beaucoup à suivre les aventures du personnage de Carl Aderhold, un parcours meurtrier jalonné d’ambassadeurs de la connerie qui apparaissent plus vrais que nature.
Bref, si vous êtes vous aussi confrontés dans votre vie quotidienne à un ou plusieurs cons qui vous pourrissent l’existence, lisez-donc « Mort aux cons », mettez-vous dans la peau du narrateur et prenez-vous à rêver d’un monde enfin débarrassé de tous les cons. Évitez toutefois le passage à l’acte, une vie entière ne suffirait pas pour mener à bien ce projet.
Qui n’a pas rêvé un jour de se débarrasser de certaines personnes de son entourage, généralement qualifiées de « cons » ou de « connes » ? L’espèce, il faut bien le dire, en est fort répandue et je ne connais à ce jour personne qui n’ ait été confronté à cette engeance et n’ait souhaité utiliser des moyens peu avouables pour s’en défaire. Heureusement, ces pulsions criminelles, qui nous poussent à imaginer toutes les morts possibles pour ces fâcheux, en restent, dans la majorité des cas, au stade du fantasme.
Ils sont partout : au travail, dans notre voisinage, sur la route, en ville ou à la campagne, dans les gares, les aéroports, les grandes surfaces, et même au sein de votre propre famille…et si, rentrés chez vous, vous croyant à l’abri de leurs nuisances, vous avez la malheureuse idée de lire le journal ou d’allumer votre radio ou, pire encore, votre poste de télévision, attendez vous à les voir déferler au sein de votre foyer tel un tsunami ravageur.
Ils sont pire que les blattes, vous en écartez un, il en surgit cent autres. Alors comment faire pour les éviter ? À moins de s’exiler au fin fond du désert ou de s’exiler vers une lointaine planète inhabitée, nul n’échappe au phénoménal pouvoir de nuisance des cons. Que faire alors ? Les exterminer ? Voilà une solution séduisante mais malheureusement vouée à l’échec. Le con est une espèce qui se reproduit et se multiplie à une vitesse phénoménale. On en trouve des spécimens là où l’on s’y attendrait le moins et celui ou celle qui voudrait les éradiquer jusqu’au dernier mènerait un combat perdu d’avance, une croisade sans fin qui ne pourrait se solder que par l’extinction du genre humain tout entier. Nous sommes tous en effet le con (ou la conne) de quelqu‘un et vouloir en finir avec la connerie, c’est s’exposer soi-même à devenir la victime de son propre dessein.
C’est pourtant une croisade de cet ordre que va mener le personnage principal du roman de Carl Aderhold, un personnage jusqu’ici sans histoires qui, par la force des choses, va s’engager dans ce combat contre la connerie ordinaire, celle que l’on rencontre tous les jours en bas de sa porte. Et il va avoir fort à faire, confronté à toute une typologie de cons patentés, de ceux que nous avons tous rencontrés : les chauffards, les bricoleurs du dimanche, les beaufs, les malpolis, les petits chefaillons, les jeunes du dessus qui font brailler leur musique à toute heure, les agents des impôts, de la SECU ou de l’ANPE, et tous les autres, les anonymes, les cons par vocation, ceux dont la connerie est une marque de fabrique, un apostolat, et qui sans elle ne seraient rien. Il ira même jusqu’à occire un con notoire, un politique « au discours sans langue de bois », ministre de l’Environnement qui pense (nous sommes avant 2007) à la présidence de la République. On pensera bien évidemment à une certaine personne (qui dans la réalité n’a pas occupé ce poste) au vu de ce discours prononcé dans un village de l’Est de la France lors de l’épidémie de grippe aviaire : « Vous en avez marre de toute cette volaille ? lança-t-il en direction de la foule. Eh bien on va vous en débarrasser ! J’ai déjà pris la décision de faire nettoyer entièrement le village au Kärcher pour éviter tout risque potentiel. […] La République ne tolérera aucun cas de grippe aviaire dans votre département. Il n’y aura pas d’épidémie. Je vous le garantis. »
Quand on apprend ce qu’il advient du dit ministre quelques pages plus tard, on se prend à regretter que « Mort aux cons » ne soit qu’une oeuvre de fiction…
Les cons étant, nous l’avons dit, une espèce surabondante, l’accumulation de morts suspectes autour de notre héros ne va pas manquer d’attirer l’attention, et le commissaire Marie, un flic un peu philosophe qui n’est pas loin de partager les mêmes idées que le suspect, (il aime à citer la phrase de Michel Audiard tirée des « Tontons flingueurs » : « Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. ») va s’intéresser de près aux faits et gestes de ce justicier d’un genre nouveau. Va alors s’installer un jeu du chat et de la souris entre le flic et le suspect, une relation oscillant entre méfiance et amitié qui trouvera un aboutissement pour le moins inattendu qui fera de notre éradicateur de connerie ce qu’il n’avait pas un instant imaginé devenir…
« Mort aux cons » est, on l’a deviné, un véritable jeu de massacre dans lequel toutes les formes de connerie répertoriées à ce jour sont passées en revue. On s’amuse, pour avoir été confronté soi-même à nombre de ses représentants, à cette vaste taxinomie de la connerie humaine qui va du voisin de palier au ministre précédemment cité et jusqu’au néo-philosophe mondain et chevelu qui porte un avis sur tout et n'importe quoi.
Même si l’exécution de ces cons apparaît parfois un peu facile et expéditive, au contraire du roman d’Antoine Laurain « Fume et tue » qui recensait lui aussi une belle galerie de cons-temporains et qui mettait en scène des meurtres d’une habileté machiavélique, on s’amuse quand même beaucoup à suivre les aventures du personnage de Carl Aderhold, un parcours meurtrier jalonné d’ambassadeurs de la connerie qui apparaissent plus vrais que nature.
Bref, si vous êtes vous aussi confrontés dans votre vie quotidienne à un ou plusieurs cons qui vous pourrissent l’existence, lisez-donc « Mort aux cons », mettez-vous dans la peau du narrateur et prenez-vous à rêver d’un monde enfin débarrassé de tous les cons. Évitez toutefois le passage à l’acte, une vie entière ne suffirait pas pour mener à bien ce projet.
Commentaires
Promis, je ne passerai pas à l'acte! Mais Dieu sait que ce genre de spécimens se reproduit à une vitesse grand V!!!