Harry et moi


"Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé" J.K. Rowling. Roman.

Gallimard, 2005.

Traduit de l'anglais par Jean-François Ménard.




En écrivant ces premières lignes, je vois déjà certains d'entre vous lever les yeux au ciel et soupirer : "Quoi ? Oh! Non! Pas encore Harry Potter! Depuis la sortie du 7ème et dernier tome fin 2007, nous pensions être débarrassés des aventures du boutonneux à lunettes. Et voici que le bibliomane nous ressert une louche de soupe froide en nous gratifiant d'un commentaire sur le sorcier binoclard et – qui plus est – sur l'avant-dernier tome de la série sorti en 2005 ! "

Oui, bon, je reconnaîs que mon actualité littéraire est parfois légèrement différée – quelques années, quand ce ne sont pas quelques décennies – mais voilà, j'ai un grand défaut : quand sort un roman à succès, comme Harry Potter par exemple, je ne me précipite pas chez le premier revendeur pour l'acquérir, pas plus que je ne me mêle aux hordes gesticulantes qui attendent fébrilement les douze coups de minuit pour se ruer sauvagement à l'assaut d'un magasin afin d'être la première personne à détenir le nouvel ouvrage.
Je préfère attendre.
D'autant plus que, Harry Potter ne donnant – dans aucun des volumes qui lui sont consacrés – la formule pour multiplier les euros, je me vois mal – là c'est le chômeur qui parle – me délester de la modique somme de 23, 50 € pour un livre broché de 700 pages, sachant que, un an plus tard sortira l'édition de poche, que je n'achèterais pas non plus, me contentant de me faire gentiment prêter ledit ouvrage par un ado de ma connaissance.
Voilà ce qui, je l'espère, expliquera et excusera mon retard.

L'adolescent attardé que je suis n'a pas manqué de suivre de loin en loin les aventures de l'apprenti sorcier depuis bientôt dix ans, à l'époque où était sorti le premier opus de la série : « Harry Potter à l'école des sorciers ».
Il s'en est passé des choses en dix ans, Harry a grandi et est devenu un jeune homme, moi j'ai vieilli et je m'achemine lentement et sûrement vers la catégorie des « seniors » (j'exècre cette appellation!). Bref, tout cela pour vous dire qu'entre Harry et moi, il y a peu de choses que nous ayons en commun, si ce n'est le port de lunettes et la cicatrice sur le front (bon, dans mon cas, ce n'est pas Lord Voldemort qui me l'a faite mais un couillon de camarade de collège qui s'amusait à lancer des cailloux. Et évidemment, je n'ai rien trouvé de mieux que de me retrouver sur la trajectoire dudit caillou). Les comparaisons s'arrêtent là et le monde dans lequel je vis a bien peu de points communs avec celui dans lequel évoluent Harry, ses amis et ses ennemis.
Ah, si !Puisque l'on parle d'ennemis, j'oubliais un autre point commun, plutôt un ennemi commun : « Celui-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom ». Dans mon monde à moi, il a été porté au pouvoir le 6 mai 2007 et depuis, les Mangemorts de son entourage ne cessent de nous accabler, nous les pauvres Moldus. J'espère qu'un jour le droit et la justice triompheront et qu' ils iront tous pourrir dans les sombres geôles d'Azkaban!!!

Mais trève de digressions. On a beaucoup parlé d'Harry Potter pendant cette dernière décennie.
On l'a trouvé génial, niais, passionnant, insipide, sympathique, tête-à-claques, rebelle, premier de la classe, enfantin, manichéen, original, pur produit de marketing, etc... On a également abondamment glosé sur les dimensions psychanalytiques de l'oeuvre et du personnage et je m'abstiendrai d'en rajouter à ce sujet; j'en serais d'ailleurs bien incapable. D'ailleurs je ne suis pas sûr de voir l'utilité d'une telle démarche. Car pourquoi faudrait-il – à partir du moment où un roman devient plus ou moins un phénomène de société – en faire à tout prix l'exégèse, surtout face à une oeuvre de pure fiction uniquement destinée à la distraction du (jeune) lecteur?
Bien sûr, chacun verra ce qu'il voudra entre les lignes du récit et interprétera à sa façon les divers éléments du récit. Toute lecture est susceptible d'apporter de multiples interprétations au lecteur et cela depuis que le monde est monde, de telle sorte que celui qui se penche sur la Bible, « Ulysse » de Joyce, ou encore les chefs-d'oeuvre impérissables de Marc Lévy et Guillaume Musso, y trouvera toujours son compte.
J'estime pour ma part qu'il existe certaines formes de littérature qui me permettent de me dispenser aisément de ce genre de démarches analytiques. Oui, j'ose l'avouer, ma motivation première quand j'ouvre un livre...c'est le plaisir et l'évasion qu'il va me fournir qui m'importe avant tout!
C'est tout à fait le cas en ce qui concerne Harry Potter. Bien sûr, je ne porterais pas les ouvrages de J.K.Rowling au pinacle des oeuvres de distraction que j'ai pu lire mais je dois dire que la lecture des aventures du jeune sorcier de Poudlard ne me répugne pas du tout et que – bien au contraire – je les lis avec une certaine jubilation.
Evidemment, je ne vous cacherai pas que – arrivé au sixième tome – je trouve que l'histoire s'essouffle et que les ficelles dramatiques du récit commencent à être sérieusement effilochées. Mais il n'empêche que je trouve encore du plaisir à retrouver de loin en loin ces personnages récurrents qui composent l'univers créé par J.K Rowling.
Certains me rétorqueront que tout cela n'est que de la littérature facile et une vaste opération de marketing. D'accord. Je le sais et je l'avoue : je suis – en lisant moi aussi les aventures d'Harry Potter – l'une des innombrables victime d'un vaste complot capitalo-éditorialiste qui ne vise qu'à enrichir auteurs et éditeurs en accaparant nos parts de cerveaux disponibles.
J'en suis bien conscient et pourtant à chaque fois je replonge, comme l'alcoolique, le fumeur invétéré ou le toxicomane, sans arriver à décrocher.
Oui, j'ai honte (même pas vrai!) de m'adonner à la lecture de ces oeuvrettes au lieu d'utiliser mon précieux temps à étudier l'oeuvre incontournable de Bernard-Henri Lévy, à lire l'autobiographie indispensable de Jean-Marie Bigard ou le dernier roman inoubliable de Paulo Coelho.
Bref, me voici devant vous, confus et repentant, coupable de m'adonner au plaisir honteux et solitaire de la littérature pour boutonneux. Que celui ou celle qui n'a jamais été un(e) enfant me jette la première pierre!

Pour ce qui est de l'histoire développée dans « Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé », je ne divulguerais rien au cas où il existerait encore dans notre système solaire une personne qui n'ait pas encore lu ce roman. Tout ce que je dirais, c'est que le récit commence au moment de la rentrée des classes et que Harry se prépare à retourner à Poudlard. Le récit va se dérouler tout au long de l'année scolaire, Harry va avoir fort à faire, et quelqu'un va mourir à la fin. Voilà! comme ça, je ne me mouille pas et je ne trahis pas l'intrigue puisque ce bref résumé peut s'appliquer à quasiment tous les volumes de la série.

C'est tout. J'espère ne pas trop vous avoir ennuyé avec mon poteau Harry. Si c'est le cas, je suis désolé de vous l'apprendre, mais un ado de ma connaissance vient de me prêter « Harry Potter et les Reliques de la Mort »! Alors à bientôt!





Commentaires

Anonyme a dit…
Tu n'as pas à t'excuser de lire un roman, fût-il un livre commercial pour gamins ! L'ampleur de la série la rend passionnante à n'importe quel âge. J'estime que c'est de la bonne littérature populaire, ce qui n'a rien de péjoratif.
BOUALI Pascal a dit…
Canthilde : je ne m'excuse pas, bien au contraire. J'essaie plutôt en m'avouant (faussement) repentant, de m'amuser sur le compte de celles et ceux qui ne "s'abaisseraient jamais à lire de telles vétilles" ;-)
Anonyme a dit…
Et encore, moi j'ai toujours le tome 5 version poche qui végète dans ma pal depuis x temps...mieux vaut ne pas m'appesantir sur la date, ça me donnerait l'horrible impression de faire du surplace dans mes lectures.:(
Anonyme a dit…
Moi z'aussi je les ai tous lus avec jubilation, les Harry Potter :-))))
Anonyme a dit…
J'ai découvert Harry Potter en 2006 seulement ! Et depuis, j'adore ! Mais je ne veux pas acheter tous les tomes, alors j'attends qu'on me les prête. En raison de tout cela, je ne suis qu'au tome 4... Encore de belles heures de divertissement...
Anonyme a dit…
Je ne partage pas le point de vue de Canthilde (littérature populaire) ni totalement le tien. C'est un succès certes, et le commerce s'en est emparé, mais en cela Rowling n'y est pour rien et à mon sens ça ne doit pas réduire son talent qui est grand. Ce n'est pas un chef d'oeuvre ? Je me suis moi-même posé la question, je n'osais employer ce terme pour les raisons que tu invoques, et puis finalement, la notion de chef d'oeuvre n'est-elle pas subjective ? On donne des prix à des écrivains, mais sous quel prétexte ? La véritable force d'un auteur n'est-elle pas de transporter un lecteur ? Si c'est le cas, alors J.K. Rowling est un brillant auteur. Elle ma fait rêver, m'a émue, m'a transportée ailleurs le temps d'une lecture. Et pourtant j'ai 32 ans, et pourtant je suis enseignante. Alors où est l'erreur ?
Je finis pas trouver agaçant cette idée de "clan" entre les pro Harry Potter et ceux qui se refusent de le lire pour ne pas se compromettre. Que chacun ait le droit de lire (prenne le droit) ce qu'il lui plaît. Et comme tu le disais Pascal, je lis avant tout pour m'évader, parce que lire ne doit pas être une contrainte.
Anonyme a dit…
Ma foi, je suis une afficionado de la presque première heure et j'avoue avoir lu les deux derniers tomes en anglais! De la bonne littérature d'évasion et de plaisir, pas besoin d'aller loin si on ne le veut pas! Personnellement j'aime bien analyser la série! Après tout, il en fuat pour tous les goûts!
Anonyme a dit…
Je lis les HP avec délectation !!!
Bon, j'avoue tout de même un snobisme absolu : je les ai découvert "avant" la machine médiatique, alors que seuls deux tomes étaient parus en anglais, la déferlante n'avait pas démarré.... J'ai acheté le 1 sur conseil du libraire....et suis retournée le lendemain acheter le 2 !! avant d'attendre comme une groupie la sortie du 3.....et j'ai continué ainsi !
Pourquoi cette digression anglophone ?
tout simplement parceque je trouve que la VO est réellement bien meilleure que la VF, dont la traductrice écrit visiblement à destination des ados... On perd au change nombre de jeux de mots, allusions politiques ou littéraires etc...
Ce qui me fait donc tout de même affirmer que dans le genre, l'écriture de de J.K.Rowling, est certes "facile", mais en aucun cas ne tombe dans la facilité..... Bref j'adore...
J'avoue avoir relu la série entière à chaque sortie...

Et pour ce qui est des bilans de compétences... Ces gens là n'ont jamais lu ton blog, c'est évident.
Anonyme a dit…
Si c'est du Xième degré, alors... ! ;-)
P.S. aux autres : J'estime la littérature populaire au moins aussi nécessaire qu'une bonne chanson pop rock. Et j'ai été pottermaniaque, il y a quelques années...

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