La dame du lac

"L'ombre dans l'eau" Inger Frimansson. Roman. Editions First-Gründ, 2011.
  Traduit du suédois par Carine Bruy.


Depuis quelques années le polar scandinave est à la mode. Cet engouement est justifié par l'originalité et la très bonne qualité des intrigues ainsi que par l'empathie que le lecteur partage de manière générale avec les principaux protagonistes de ces romans.
Parmi les auteurs les plus connus en France, on peut citer, entre autres, Henning Mankell, Jo Nesbø, Gunnar Staalesen, sans oublier Stieg Larsson, à l'origine du phénomène éditorial « Millenium ».
Les auteurs féminins sont par contre moins connues sous nos latitudes, à part peut-être Karin Fossum. Ces dames n'ont pourtant rien à envier à leurs collègues masculins pour ce qui est de leur maîtrise du genre et elles commencent peu à peu à grignoter du terrain. Ainsi des noms tels que ceux de Anne Holt ou Pernille Rygg deviennent de plus en plus familiers aux amateurs du genre.
Parmi ceux-ci, citons, puisque c'est le sujet de ce commentaire, celui de Inger Frimansson, dont pour ma part, j'ignorais jusqu'ici l'existence. Cette sexagénaire suédoise n'a publié à ce jour que deux romans qui ont suscité un tel enthousiasme auprès des lecteurs de son pays qu'elle s'est vue décerner par deux fois le Prix de meilleur roman policier suédois pour « Bonne nuit, mon amour » et pour « L'ombre dans l'eau », deux ouvrages mettant en scène des personnages récurrents et qui laissent présager une trilogie, voire un cycle de plus grande ampleur.
Rien à voir bien sûr avec Millenium qui nous faisait suivre lui aussi les mêmes personnages sur trois tomes mais contraignait le lecteur à suivre l'intrigue dans l'ordre chronologique afin de ne pas s'égarer dans les méandres d'un récit relativement complexe.
Ce n'est pas le cas ici et l'on peut librement commencer par le deuxième opus, ce que j'ai fait pour ma part, en se réservant pour plus tard la lecture du premier tome. Certes, on peut être un peu dérouté, comme je l'ai été, par certains éléments du récit qui demeurent obscurs mais ne nuisent en rien à la lecture du roman. Ces zones d'ombre dans le récit apportent même un supplément de suspense et ne peuvent que donner envie de découvrir les évènements qui ont précédé l'intrigue de « L'ombre dans l'eau ».
Le personnage central n'est pas un flic ni un détective, mais une femme qui approche de la cinquantaine: Justine Dalvik, héritière d'un industriel spécialisé dans la confiserie. Cette femme apparemment paisible qui coule des jours tranquilles dans sa maison au bord du lac Mälar partage sa vie avec son compagnon Hans-Peter, gardien de nuit dans un hôtel de Stockholm ainsi qu'avec un grand oiseau noir qu'elle a recueilli (on ne sait pas ce qu'est cet oiseau, corbeau, corneille ou autre?) et qu'elle laisse évoluer en toute liberté dans son foyer. Malgré cette légère touche d'excentricité, tout pourrait aller pour le mieux pour Justine Dalvik qui file le parfait amour avec Hans-Peter. Mais sa tranquillité semble menacée. La nuit, des ombres rôdent autour de sa maison et elle a de plus en plus le sentiment d'être épiée. Serait-ce dû aux évènements qui ont marqué son passé ? Il apparaît en effet, au fil du récit, que beaucoup trop de personnes ayant fréquenté Justine aient disparu dans des conditions mystérieuses ou soient décédées de mort violentes. Ce fut tout d'abord son ancien compagnon, Nathan, disparu dans la jungle en Malaisie alors qu'il dirigeait un circuit touristique auquel participait Justine. Puis ce fut le tour de Martina – la séduisante photographe du groupe, chargée de prendre des clichés pour la promotion des voyages organisés dirigés par Nathan – retrouvée poignardée dans la chambre d'hôtel qu'elle partageait avec Justine.
Puis, après son retour en Suède, ce fut la disparition, toujours inexpliquée, de Berit, une ancienne camarade de classe de Justine qui n'a plus jamais donné signe de vie depuis le jour où elle lui a rendu visite. Tout cela fait beaucoup de morts autour de Justine dont on apprend qu'elle a fait disparaître auparavant le cadavre d'une femme dans les eaux du lac. Était-ce Berit ? Justine l'a t-elle tuée ou a t-elle simplement fait disparaître un corps afin de ne pas se trouver mêlée de nouveau à une histoire de meurtre ? Tout cela fait de Justine un personnage assez atypique, dont on ne sait si l'on doit la plaindre – est-elle victime d'une série de coïncidences malheureuses ? - ou si l'on doit considérer qu'elle est à l'origine de tous ces meurtres inexpliqués. Il en est de même pour la plupart des autres personnages rencontrés au fil du récit, dont beaucoup sont, de près ou de loin, des proches des personnes disparues. Sont-ils convaincus de la culpabilité de Justine ?Veulent-ils lui faire payer ses crimes ou simplement apprendre la vérité ?
L'intrigue alterne – à la manière d'un puzzle – entre tous ces personnages, liés de près ou de loin à l'histoire de Justine et dévoile peu à peu leurs motivations. Le récit saute continuellement d'un personnage à un autre, dévoilant progressivement des éléments qui font progresser l'histoire. Mais, on s'apercevra, une fois le roman achevé que l'on n'en sait pas beaucoup plus, ce qui augure bien évidemment d'un troisième opus, voire de plusieurs autres. Le lecteur, intrigué comme je l'ai été, tentera d'en savoir un peu plus en se procurant le premier tome afin de découvrir d'autres indices et d'en apprendre un peu plus sur le passé de ce personnage – dont on ne sait s'il attire la sympathie ou la méfiance – qu'est Justine Dalvik.






Commentaires

Joelle a dit…
C'est bizarre de voir qu'une grande partie des polars nordiques font partie de séries avec des personnages récurrents ! Je ne connais pas du tout cette auteure mais je suis loin d'être une spécialiste alors je note ses deux titres.

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