Andvaranautur
"Là où s'étendent les ombres" Michael Ridpath. Roman. Editions First 2010
Magnus Jonson est flic à Boston. Promu au rang d’inspecteur-chef depuis peu, il est devenu, pour la pègre locale, la cible à éliminer suite à sa découverte de connivences entre certains policiers ripoux et le gang de Pedro Soto, principal pourvoyeur de drogue de tous les gangs de Nouvelle-Angleterre.
Depuis qu’il a dénoncé certains de ses collègues véreux, Magnus Jonson n’est plus en sécurité et c’est de justesse qu’il échappe à plusieurs tentatives d’assassinat. Ses supérieurs, afin de le protéger, décident de le mettre au vert et de l’envoyer le plus loin possible de Boston, dans un lieu où les tueurs de Soto n’auront pas idée de venir le chercher.
C’est sur l’Islande que va se porter leur choix. Magnus est en effet originaire de ce pays, n’étant arrivé aux États-Unis qu’à l’âge de douze ans, suite à la mort de sa mère. Un partenariat entre les polices des deux pays visant à former les agents islandais aux nouvelles formes de criminalité est l’occasion rêvée d’y envoyer Magnus en qualité de conseiller.
De son pays natal, Magnus n’a que peu de souvenirs, pas toujours très agréables, et une maîtrise de la langue islandaise légèrement défaillante due au manque de pratique de celle-ci depuis de nombreuses années. Son séjour étant fixé à deux ans, Magnus envisage cette mise au vert comme une longue période d’inactivité dans un pays où les crimes violents sont si rarissimes que la police locale n’est même pas armée, ce qui n’a aucune commune mesure avec le contexte habituel de son travail.
Il va pourtant arriver au moment où un meurtre vient d’être commis. Un universitaire, Agnar Haraldsson, spécialiste des sagas médiévales islandaises, a été retrouvé aux abords de sa maison de campagne, probablement assassiné.
Très vite, les soupçons se portent sur un ressortissant anglais qui aurait rendu visite à Haraldsson le jour même du meurtre. Il semblerait que les deux hommes étaient en train de négocier l’achat d’une saga, jusqu’ici jamais publiée, pour le compte d’un mystérieux et richissime commanditaire. Cette saga : « La Saga de Gaukur » aurait inspiré Tolkien pour l’élaboration du « Seigneur des Anneaux », ce qui expliquerait l’intérêt que pourraient lui porter nombre d’amateurs de ce cycle romanesque.
De plus, le texte médiéval ferait référence à l’existence d’un anneau aux pouvoirs mystérieux, le même anneau volé par le dieu Loki à Andvari dans la mythologie germanique, thème mythique à la base de la Chanson des Nibelungen.
Cet anneau, semblable à l’anneau de pouvoir du roman de Tolkien, si l’on en croit ce qui est relaté dans la Saga de Gaukur, aurait une existence réelle et se trouverait dissimulé quelque part en Islande. Une telle révélation : l’existence d’un texte médiéval ayant directement inspiré Tolkien pour l’élaboration de son chef-d-œuvre, ainsi que l’existence plus que probable de l’anneau maléfique, a de quoi susciter nombre de convoitises et Magnus Jonson va très vite s’en apercevoir…
Michael Ridpath, dont c’est le troisième roman traduit en français, signe ici un polar à l’argument original qui nous plonge dans la genèse d’un des plus grands, si ce n’est le plus grand, des romans d’Heroic Fantasy qui ait jamais été écrit. Mêlant adroitement la réalité et la fiction, Michael Ridpath évite soigneusement les écueils auxquels on pourrait s’attendre de la part d’un écrivain s’attelant à ce sujet. Michael Ridpath n’est pas Dan Brown et le lecteur qui s’attend à des révélations bouleversantes, à des conspirations visant à renverser l’ordre du monde et, pourquoi pas, à établir sur le monde la domination des forces du Mal, en sera pour ses frais.
Même si l’auteur prend pour argument l’existence d’un anneau maléfique ayant inspiré Tolkien, il ne tombe à aucun moment dans le piège facile du sensationnalisme et du fantastique. Ce roman reste un polar, avec des crimes et des mobiles bien réels qui ne relèvent aucunement d’un quelconque complot de templiers ou d’Illuminati.
Ce roman s’adresse donc plus aux lecteurs de polars traditionnels qu’aux amateurs de romans à mystères qui y chercheront en vain des révélations ésotériques.
On s’amusera, à la lecture de ce roman, des étonnements de ce flic plus américain qu’islandais confronté à une société dont les mœurs et les usages sont complètement étrangers à un ressortissant des États-Unis débarquant dans un pays qui s’est trouvé au bord de la faillite suite à la crise de 2008, un pays où les flics ne sont pas armés et où les habitants sont répertoriés dans les annuaires téléphoniques par leur prénom !
Seul bémol, le personnage de Magnus Jonson, que j’ai trouvé un peu trop stéréotypé dans son image de flic baraqué et séducteur, tourmenté par son passé.
Malgré ce petit détail, ce roman de Michael Ridpath est un agréable polar qui se laisse lire avec plaisir et qui nous gratifie d’une enquête et de crimes dont les mobiles sont pour le moins originaux.
Signalons, pour finir, le titre de cette édition française, plus recherché que celui de l’édition originale (« Fire and Ice ») qui fait directement référence au poème de l’anneau de Tolkien :
Magnus Jonson est flic à Boston. Promu au rang d’inspecteur-chef depuis peu, il est devenu, pour la pègre locale, la cible à éliminer suite à sa découverte de connivences entre certains policiers ripoux et le gang de Pedro Soto, principal pourvoyeur de drogue de tous les gangs de Nouvelle-Angleterre.
Depuis qu’il a dénoncé certains de ses collègues véreux, Magnus Jonson n’est plus en sécurité et c’est de justesse qu’il échappe à plusieurs tentatives d’assassinat. Ses supérieurs, afin de le protéger, décident de le mettre au vert et de l’envoyer le plus loin possible de Boston, dans un lieu où les tueurs de Soto n’auront pas idée de venir le chercher.
C’est sur l’Islande que va se porter leur choix. Magnus est en effet originaire de ce pays, n’étant arrivé aux États-Unis qu’à l’âge de douze ans, suite à la mort de sa mère. Un partenariat entre les polices des deux pays visant à former les agents islandais aux nouvelles formes de criminalité est l’occasion rêvée d’y envoyer Magnus en qualité de conseiller.
De son pays natal, Magnus n’a que peu de souvenirs, pas toujours très agréables, et une maîtrise de la langue islandaise légèrement défaillante due au manque de pratique de celle-ci depuis de nombreuses années. Son séjour étant fixé à deux ans, Magnus envisage cette mise au vert comme une longue période d’inactivité dans un pays où les crimes violents sont si rarissimes que la police locale n’est même pas armée, ce qui n’a aucune commune mesure avec le contexte habituel de son travail.
Il va pourtant arriver au moment où un meurtre vient d’être commis. Un universitaire, Agnar Haraldsson, spécialiste des sagas médiévales islandaises, a été retrouvé aux abords de sa maison de campagne, probablement assassiné.
Très vite, les soupçons se portent sur un ressortissant anglais qui aurait rendu visite à Haraldsson le jour même du meurtre. Il semblerait que les deux hommes étaient en train de négocier l’achat d’une saga, jusqu’ici jamais publiée, pour le compte d’un mystérieux et richissime commanditaire. Cette saga : « La Saga de Gaukur » aurait inspiré Tolkien pour l’élaboration du « Seigneur des Anneaux », ce qui expliquerait l’intérêt que pourraient lui porter nombre d’amateurs de ce cycle romanesque.
De plus, le texte médiéval ferait référence à l’existence d’un anneau aux pouvoirs mystérieux, le même anneau volé par le dieu Loki à Andvari dans la mythologie germanique, thème mythique à la base de la Chanson des Nibelungen.
Cet anneau, semblable à l’anneau de pouvoir du roman de Tolkien, si l’on en croit ce qui est relaté dans la Saga de Gaukur, aurait une existence réelle et se trouverait dissimulé quelque part en Islande. Une telle révélation : l’existence d’un texte médiéval ayant directement inspiré Tolkien pour l’élaboration de son chef-d-œuvre, ainsi que l’existence plus que probable de l’anneau maléfique, a de quoi susciter nombre de convoitises et Magnus Jonson va très vite s’en apercevoir…
Michael Ridpath, dont c’est le troisième roman traduit en français, signe ici un polar à l’argument original qui nous plonge dans la genèse d’un des plus grands, si ce n’est le plus grand, des romans d’Heroic Fantasy qui ait jamais été écrit. Mêlant adroitement la réalité et la fiction, Michael Ridpath évite soigneusement les écueils auxquels on pourrait s’attendre de la part d’un écrivain s’attelant à ce sujet. Michael Ridpath n’est pas Dan Brown et le lecteur qui s’attend à des révélations bouleversantes, à des conspirations visant à renverser l’ordre du monde et, pourquoi pas, à établir sur le monde la domination des forces du Mal, en sera pour ses frais.
Même si l’auteur prend pour argument l’existence d’un anneau maléfique ayant inspiré Tolkien, il ne tombe à aucun moment dans le piège facile du sensationnalisme et du fantastique. Ce roman reste un polar, avec des crimes et des mobiles bien réels qui ne relèvent aucunement d’un quelconque complot de templiers ou d’Illuminati.
Ce roman s’adresse donc plus aux lecteurs de polars traditionnels qu’aux amateurs de romans à mystères qui y chercheront en vain des révélations ésotériques.
On s’amusera, à la lecture de ce roman, des étonnements de ce flic plus américain qu’islandais confronté à une société dont les mœurs et les usages sont complètement étrangers à un ressortissant des États-Unis débarquant dans un pays qui s’est trouvé au bord de la faillite suite à la crise de 2008, un pays où les flics ne sont pas armés et où les habitants sont répertoriés dans les annuaires téléphoniques par leur prénom !
Seul bémol, le personnage de Magnus Jonson, que j’ai trouvé un peu trop stéréotypé dans son image de flic baraqué et séducteur, tourmenté par son passé.
Malgré ce petit détail, ce roman de Michael Ridpath est un agréable polar qui se laisse lire avec plaisir et qui nous gratifie d’une enquête et de crimes dont les mobiles sont pour le moins originaux.
Signalons, pour finir, le titre de cette édition française, plus recherché que celui de l’édition originale (« Fire and Ice ») qui fait directement référence au poème de l’anneau de Tolkien :
" Trois Anneaux pour les Rois Elfes sous le ciel,
Sept pour les Seigneurs Nains dans leurs demeures de pierre,
Neuf pour les Hommes Mortels destinés au trépas,
Un pour le Seigneur des Ténèbres sur son sombre trône
Dans le pays de Mordor où s’étendent les Ombres.
Un Anneau pour les gouverner tous, Un anneau pour les trouver,
Un Anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier
Au Pays de Mordor où s’étendent les Ombres."
Commentaires
En fait cet auteur a déjà été traduit deux fois en France. Chez Robert Laffont avant 2000 ("La dernière course", épuisé) et chez Maxima, en 2002 ("La mort en dividende). Un très bon fabricant de thriller, qui a longtemps puisé dans son expérience de trader et de financier avant de passer aux brumes inquétantes d'une Islande mystérieuse...