"Pirates !"
Traduit de l'anglais par Gilbert Sigaux.
« L'île pouvait avoir neuf milles de long sur cinq de large ; sa forme était à peu près celle d'un gros dragon sur ses pattes de derrière. La carte paraissait assez ancienne, mais portait des indications plus récentes ; notamment trois croix à l'encre rouge, deux vers le nord de l'île, une au sud-ouest ; et tout à côté de celle-ci, de la même encre et d'une écriture fine, bien différente de la calligraphie enfantine du Capitaine, ces mots : « Ici le gros du trésor. »
Il est des livres que bien peu d'entre nous ont lu mais dont personne n'ignore l'intrigue et les personnages principaux. C'est le cas de « L'île au trésor » de Stevenson.
Comme pour « Les trois mousquetaires » , « Notre-Dame de Paris » ou « Le dernier des Mohicans », on ne compte plus les adaptations cinématographiques, télévisuelles, les bandes-dessinées, etc... qui ont été tirées de ces ouvrages. Cette profusion de versions plus ou moins fidèles, plus ou moins expurgées de leur substantifique moelle, réduites parfois à quelques lignes, a eu pour résultat que nombre d'entre nous s'imaginent connaître en profondeur certains de ces classiques de la littérature « jeunesse » alors que nous n'en avons en fait qu'une vague idée formée au hasard des multiples ersatz, imprimés ou filmés, dont notre imaginaire a été nourri pendant l'enfance.
Il en a été ainsi pour moi en ce qui concerne, entre autres, « L'île au trésor », ouvrage que je n'avais jamais lu jusqu'à ces derniers jours. Je ne compte plus, par contre, le nombre de films et téléfilms dont j'ai été le spectateur lors de mes jeunes années, adaptations hollywoodiennes le plus souvent, qui ont forgé mon imaginaire d'enfant et l'ont peuplé de galions engloutis, de trésors enfouis, de pirates à jambe de bois et bandeau sur l'oeil, personnages hauts en couleurs, cruels et audacieux, gentilshommes de fortune, écumeurs des sept mers réunis sous la bannière du drapeau noir à tête de mort.
Ces images traditionnelles et romanesques de l'univers de la piraterie sont avant tout le fruit de l'imagination et du talent de deux grands auteurs anglais : Stevenson bien sûr mais aussi James Matthew Barrie qui, dans « Peter Pan » met en scène de très pittoresque pirates dont le plus connu reste bien sûr l'inoubliable Capitaine Crochet.
Cette imagerie spécifique au monde de la piraterie reste encore inchangée de nos jours et il n'est que de voir la trilogie « Pirates des Caraïbes » filmée par Gore Verbinski, pour se rendre compte de la pérennité des symboles associés à cet univers particulier.
Cet monde des flibustiers a longtemps hanté mon enfance et je me régalais à lire les aventures, plus véridiques celles-ci, de Jean Bart « Le Lion des Flandres », de Duguay-Trouin, de Surcouf, de l'Olonnais ou de Barbe-Noire. Quant à Long John Silver, Billy Bones, le Capitaine Flint ou Ben Gunn, personnages issus de l'imagination de Stevenson, ils m'étaient aussi familiers que pouvaient l'être Zorro, Tarzan ou D'Artagnan.
Cet monde des flibustiers a longtemps hanté mon enfance et je me régalais à lire les aventures, plus véridiques celles-ci, de Jean Bart « Le Lion des Flandres », de Duguay-Trouin, de Surcouf, de l'Olonnais ou de Barbe-Noire. Quant à Long John Silver, Billy Bones, le Capitaine Flint ou Ben Gunn, personnages issus de l'imagination de Stevenson, ils m'étaient aussi familiers que pouvaient l'être Zorro, Tarzan ou D'Artagnan.
Pourtant, je n'avais jamais lu « L'île au trésor ». Je m'étais pourtant promis de combler cette lacune un jour ou l'autre mais les années passèrent et c'est récemment seulement, sur un étal de marché, que je trouvais un exemplaire que je pus emporter chez moi contre la modique somme d'un euro.
Le livre en main, je n'avais plus d'excuses pour retarder la lecture de cet ouvrage et c'est ainsi que je me suis replongé, à quarante ans passés, dans l'univers de mes rêves d'enfant.
Que dire de cette lecture si ce n'est qu'elle fut un enchantement et que toutes les adaptations que j'avais connues auparavant font bien pâle figure en face du texte original qui s'avère passionnant de bout en bout. Pas un temps mort dans ce récit enlevé et trépidant.
Que dire de cette lecture si ce n'est qu'elle fut un enchantement et que toutes les adaptations que j'avais connues auparavant font bien pâle figure en face du texte original qui s'avère passionnant de bout en bout. Pas un temps mort dans ce récit enlevé et trépidant.
Stevenson, en mettant le lecteur dans la peau du jeune Jim Hawkins nous fait partager ses frayeurs d'enfant lors des premiers chapitres où, fils du tenancier de l'auberge de l'Amiral-Benbow, il doit se confronter à la présence inquiétante de personnages tels que Billy Bones, Pew l'aveugle et Chien Noir. Il nous fait assister à l'émancipation du jeune garçon qui, après la mort de son père, se lance, à bord de l'Hispaniola, avec le docteur Livesey, le Squire Trelawney et le Capitaine Smollett à la recherche de l'île où Flint aurait enseveli son trésor. Avec lui encore nous buvons les paroles ambigües et sommes abusés par le discours enjôleur et le charme venimeux du maître-coq de l'expédition, en la personne de Long John Silver. En sa compagnie nous affrontons les redoutables pirates, anciens compagnons du défunt Capitaine Flint déterminés à mettre la main sur le trésor.
Ecrit de main de maître, « L'île au trésor » est un roman qui ne se lâche pas tant l'action et les rebondissements y sont fréquents, tant le rythme effréné tient en haleine jusqu'aux dernières pages. Et même si bien rares sont celles et ceux qui ignorent le déroulement et la conclusion de ce récit, on se laisse prendre au jeu et on se laisse emporter avec plaisir dans ce tourbillon d'aventures et de coups de théâtre.
Oui, il est bien difficile de se détacher de ce roman et, la lecture achevée, on se prend facilement à rêver au magnifique et dangereux voyage de l'Hispaniola et à s'écrier : « Pièces de huit ! Pièces de huit ! »
Commentaires
L'été suivant, à la campagne nous avons croisé un vieux monsieur qui avait un pilon, là pour le coup elles étaient pétrifiées de terreur, serrée contre moi la plus grande m'a demandée " maman tu crois que c'est long john Silver ?"... bon j'ai pu la rassurer ce coup là mais je doute qu'elles oublient jamais ce personnage :-)