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Affichage des articles du janvier, 2010

L' Histoire et la Pratique de la magie anglaise

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"Jonathan Strange & Mr. Norrell" Susanna Clarke. Roman. Robert Laffont, 2007.   Traduit de l'anglais par Isabelle D. Philippe. Ayant vu ça-et-là nombre de critiques peu amènes à propos de ce roman, j’ai longuement hésité avant de me résoudre à me le procurer. Puis un jour j’ai sauté le pas et je dois dire que les vertes critiques que j’avais lues au sujet de ce pavé de 1140 pages me semblent aujourd’hui totalement infondées au regard de ce que j’ai pu découvrir en lisant cet épais roman. Oubliées, les remarques sur la longueur de ce récit prétendument interminable où il ne se passe rien sur des centaines de pages; oubliées également les attaques sur le style pesant et les dialogues infiniment longs qui prennent place sur l’action. N’en déplaise aux détracteurs de ce roman, nous ne sommes pas ici devant un ouvrage de la minceur de l’Amélie Nothomb annuel que l’on nous livre tous les ans à l’automne. Nous ne sommes pas non plus devant un de ces récits au rythme

L' anti-Bridget Jones

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"Madeleine" Amanda Sthers. Roman. Editions Stock, 2007. « Il l’a vouvoyée. Il n’a parlé de rien. Ni de maisons, ni de ce lit, ni de cette fois. Est-ce un rendez-vous ? Une deuxième visite ? Il a donné l’heure d’arrivée de son avion. Le même, même jour. Déjà deux mois plus tard. Le souvenir est bien là, brûlant sur les cuisses de Madeleine. Est-ce qu’il faut aller chez le coiffeur ? Du noir, ça mincit mais la peur aussi, le lointain. Du marine ? Du marron ? Du temps, pas beaucoup ? Que dit-elle ? Elle dit oui, je vous attendrai. Le silence est long. « Vous me reconnaîtrez ? » essaie-t-elle. Il ne répond même pas. Elle ne sait pas comment on attrape un homme, ils lui glissent entre les doigts comme du vif-argent, et celui-là est bien plus qu’un homme. Il est celui qu’elle aime, celui qu’elle attendait. » Je l’avoue, quand j’ai lu sur la quatrième de couverture de cet ouvrage le texte ci-dessus, j’ai eu un peu peur. Était-ce à cause de cette succession de phrases courtes,

Les Infortunes de la Vertu

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"Histoire de Tom Jones" Henry Fielding. Roman. Gallimard, 1964    Traduit de l'anglais par Francis Ledoux. Henry Fielding (1707-1754) est sans conteste, au même titre qu’ Alexander Pope , Laurence Sterne , Daniel Defoe ou Jonathan Swift , l’un des plus importants auteurs britanniques du XVIIIe siècle. Ses premiers romans : Jonathan Wild et Joseph Andrews lui ont valu une certaine notoriété mais c’est avec l’ «  Histoire de Tom Jones, enfant trouvé  » que Fielding va passer à la postérité. Le but avoué de Fielding dans la composition de cet ouvrage est de «  louer la bonté et l’innocence  » et que celles-ci «  ne peuvent presque jamais se trouver endommagées que par l’imprudence; et que c’est elle seule qui les attire dans les pièges que leur tendent la fourberie et la scélératesse . » Ainsi, Fielding avoue s’être «  efforcé de contraindre par le rire les hommes à abandonner leurs folies et leurs vices favoris. » Roman moralisateur, certes, «  Tom Jones