Le 5e Prix des Lecteurs du Télégramme # 9
"Lorraine Connection" Dominique Manotti. Roman. Editions Payot & Rivages, 2OO6.
Dominique Manotti est historienne. Il y a un peu plus d'une dizaine d'années elle a décidé, par l'intermédiaire du roman, de se faire chroniqueuse de notre société et, à la manière de James Ellroy ou d'Emile Zola, de dresser un portrait sans concessions de celle-ci.
Avec « Lorraine Connection » Dominique Manotti revient sur un des plus grands scandales politico-financiers de ces dix dernières années : l'affaire Daewoo.
C'est à Pondange ( comprenez Longwy) que tout commence. Dans ce bassin minier sinistré où les hauts-fourneaux se sont éteints les uns après les autres, s'installe, avec la bénédiction ( et les subventions) des autorités françaises et européennes, une succursale de la firme Daewoo. On y produit des tubes cathodiques pour des téléviseurs qui seront plus tard montés en Pologne.
Une ambiance délétère règne au sein de l'entreprise : le chef du personnel ainsi que le directeur sont des pistonnés incompétents, les ouvriers cotoient des cadres coréens qui ne parlent pas le français et semblent indifférents à la bonne gestion de l'usine.
L'incurie des responsables sera la cause d'un premier accident de travail mortel, puis d'un deuxième où une ouvrière enceinte sera électrocutée et perdra son enfant. C'en est trop pour les ouvriers. Devant tant de laisser-aller et suite au licenciement injustifié d'une de leurs collègues, ils décident de se mettre en grève et d'occuper les locaux.
Les cadres coréens s'enfuient en veillant soigneusement à évacuer la comptabilité de l'entreprise mais c'est par hasard que deux ouvriers découvrent sur un ordinateur des fichiers faisant état de comptes bancaires établis aux noms de certains de leurs collègues et émanant d'une banque luxembourgeoise. Ce que les deux hommes ne savent pas, c'est qu'ils viennent de mettre le doigt dans un engrenage fatal.
Car au même moment la firme Daewoo, qui vient de s'allier avec le groupe Matra fait, pour la somme d' un franc symbolique, l'acquisition du groupe Thomson dont le gouvernement français vient d'autoriser la privatisation.
Le groupe Alcatel, lui aussi sur les rangs, vient de perdre cette occasion de rachat et ses principaux dirigeants en viennent à se demander comment leurs concurrents si mal placés ont réussi à remporter ce marché.
Commence alors une enquête troublante qui révélera peu à peu un monde de corruption, une spirale de magouilles financières et de malversations honteuses dans lesquelles trempent les personnalités politiques les plus haut placées du gouvernement de l'époque ( dont certaines sont encore en place aujourd'hui et dont d'autres s'apprêtent dans les prochains jours à décrocher un poste ministeriel ou un secrétariat d'Etat ) ainsi qu' à tous les niveaux, les seconds et troisièmes couteaux, exécuteurs des basses oeuvres, notables provinciaux aux moeurs douteuses, fonctionnaires corrompus et membres de la pègre locale.
Commence alors une enquête troublante qui révélera peu à peu un monde de corruption, une spirale de magouilles financières et de malversations honteuses dans lesquelles trempent les personnalités politiques les plus haut placées du gouvernement de l'époque ( dont certaines sont encore en place aujourd'hui et dont d'autres s'apprêtent dans les prochains jours à décrocher un poste ministeriel ou un secrétariat d'Etat ) ainsi qu' à tous les niveaux, les seconds et troisièmes couteaux, exécuteurs des basses oeuvres, notables provinciaux aux moeurs douteuses, fonctionnaires corrompus et membres de la pègre locale.
Dominique Manotti le dit et le revendique : elle écrit des romans noirs.
« Lorraine Connection » est à ce point de vue un roman très très noir, un constat effrayant sur les rouages sanglants du monde politico-financier, un monde où les valeurs morales et le respect la vie humaine n'existent pas , un monde où tout est possible et où l'argent est l'unique moteur d'une société dont les institutions sont corrompues et pourries jusqu'à la moelle.
Quant aux ouvriers, qu'ils soient de Daewoo ou d'ailleurs, ils ne sont que quantité négligeable, des pions que l'on pousse dans un sens, puis dans l'autre, puis que l'on jette et que l'on écrase à sa guise, sans états d'âme.
Quant aux ouvriers, qu'ils soient de Daewoo ou d'ailleurs, ils ne sont que quantité négligeable, des pions que l'on pousse dans un sens, puis dans l'autre, puis que l'on jette et que l'on écrase à sa guise, sans états d'âme.
L'avis de Chatperlipopette et de Lo.
Commentaires
Autre chose: je m'excuse parce ue c'est probablement moi qui n'ai pas suivi, mais c'est quoi exactement le Prix des Lecteurs du Télégramme?
Participer à un jury littéraire ça m'est arrivé pour le journal Elle.. c'est un souvenir délicieux que cette année où j'ai reçu mensuellement un colis-surprise de bouquins à découvrir, sans compter les rencontres avec les auteurs à la fin. Bibliomane, vous êtes un...lucky man! ;-)
Les bouquins que tu as critiqués dans le cadre de ce prix font en effet extrêmement envie. Je n'ai jamais franchi le pas de participer(ou essayer de) à un jury littéraire, il faudrait...
C'est terrible ton blog, ça démultiplie les envies!
ekwe