Portrait de Femme
MEMOIRES D'AGRIPPINE. Pierre GRIMAL. Roman. LGF 1994.
Pierre Grimal est membre de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, professeur émerite à l'université de Paris-Sorbonne et avant tout éminent spécialiste de l'histoire de la civilisation romaine. Il est l'auteur de nombreux essais sur l'antiquité romaine , traducteur de Plaute , Térence et Tacite.
C'est en s'appuyant justement sur les écrits de Tacite qui mentionne l'existence de Mémoires écrites par Agrippine la Jeune (15-59 ap.J.C.), et aujourd'hui disparues, que Pierre Grimal nous livre, sous la forme d'un roman, les Mémoires apocryphes de ce personnage-clé de l'histoire romaine. Et quel personnage! Agrippine est l'arrière petite fille du divin Auguste, la soeur de Caligula, la nièce et ensuite la femme de l'Empereur Claude, et enfin la mère de Néron. Un tel pedigree est évidemment une aubaine pour historiens et romanciers. Pierre Grimal s'est pris au jeu et nous offre avec ces Mémoires le fascinant portrait d'une femme convaincue de son ascendance divine, héritière et donatrice d'une dynastie qu'elle s'acharnera à faire perdurer, mettant en oeuvre pour cela tous les moyens à sa disposition, même les plus sanglants. Ces Mémoires sont aussi l'occasion de faire revivre sous nos yeux toute une époque, celle des Julio-Claudiens, avec une justesse historique et une économie de moyens qui évite les écueils de nombreux romans à vocation historique qui veulent donner à tout prix une impression de réalisme en insistant sur les détails sordides ou pittoresques de l'époque choisie.
Certes, Pierre Grimal ne nous épargne rien des turpitudes des empereurs et de leur entourage mais, en historien confirmé, il élague et dépoussière certains mythes inhérents à l'antiquité romaine et en dresse un portrait nuancé, éloigné des jugements moraux dressés après deux mille ans de civilisation judéo-chrétienne.
On l'aura compris, ces Mémoires d'Agrippine ne laissent pas de place à la fantaisie, voire à la mièvrerie, trop souvent rencontrées dans le genre du roman historique mettant en scène des femmes célèbres. Nous sommes ici en présence d'un récit superbement maîtrisé , d'une oeuvre d'une justesse remarquable.
Commentaires
Pour répondre à ton message, j'ai lu les trois premiers épisodes des bouquins de Danila Comastri Montanari et je les ai trouvé passionnants et très bien documentés. De plus le personnage de l'esclave Castor est assez loufoque dans son genre. J'aime bien cette série mais j'avoue toutefois avoir une préférence pour les enquêtes de Gordianus de Steven Saylor éditées aussi en 10/18. Je ne sais pas si tu connais. Si ce n'est pas le cas je te les conseille.
Bonne soirée et bonne lecture