Là-Bas
"Là où vont nos pères" Shaun Tan. Bande-dessinée. Dargaud, 2007
Un matin, quelque part, dans une ville qui semble située en Europe, un homme prépare sa valise et passe ses derniers instants en compagnie de sa famille. En plus de ses maigres effets personnels il emporte avec lui une photographie de sa femme et de sa fille. Il ne part pas en voyage d'agrément. Il fuit une sombre menace qui rôde de par les rues de la ville en déployant de gigantesques anneaux serpentiformes.
Ayant une dernière fois serré dans ses bras les deux êtres qui lui sont les plus chers au monde, l'homme va quitter la ville pour prendre un bateau qui va le mener bien loin au delà de l'océan. Sur ce paquebot, il va voyager en compagnie de personnages venus de tous les horizons, des gens qui, comme lui, ont quitté leur pays pour se rendre vers un ailleurs où la vie sera moins rude et l'avenir plus prometteur.
Après avoir traversé l'océan, le paquebot arrive en vue d'une grande et majestueuse cité hérissée de vertigineux buildings, un New-York onirique agrémenté de gigantesques statues surréalistes. Dès leur arrivée, les voyageurs sont pris en charge par les services de l'immigration qui leur font subir une batterie de tests médicaux et d'interrogatoires dans un lieu évoquant Ellis Island, avant de leur délivrer un sauf-conduit qui leur permettra enfin de poser le pied dans cette ville aux allures de pays de cocagne.
Ayant passé toutes les épreuves d'admissibilité, l'homme va enfin pouvoir découvrir cette ville fascinante. Mais il va lui falloir comprendre les us et coutumes de ce nouvel univers. Ne comprenant ni la langue ni l'écriture de son pays d'accueil, il va devoir demander de l'aide afin d'accomplir les gestes les plus banals de la vie quotidienne : se nourrir, se loger, trouver un emploi.
Heureusement pour lui, il trouvera en chacun de ses interlocuteurs une personne qui, comme lui, est venue d'ailleurs pour s'installer dans ce pays.
Il va ainsi faire de multiples rencontres, et en dépit du barrage de la culture d'origine et de la langue, va peu à peu se faire des amis. Tous évoqueront les raisons qui les ont poussés à venir s'installer sur cette terre d'accueil. Pour certains, ce sera, comme pour l'homme, en raison de menaces qui ne sont pas sans rappeler les systèmes totalitaires qui ont émergé au cours du XXème siècle. Pour d'autres, comme cette jeune fille, ce sera le travail forcé et l'exploitation des enfants. Pour ce vieillard unijambiste, ce sera une guerre qui le laissera mutilé et seul face à la disparition de tous les siens.
Car tous ces hommes et ces femmes n'ont pas quitté (il est utile de le rappeler inlassablement) leur famille et leur pays pour le plaisir d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte. Tous ont du fuir des circonstances dramatiques, parfois au péril de leur vie, afin de trouver loin de chez eux un espace de liberté.
Grâce à ces rencontres de hasard, l'homme va trouver un emploi, s'insérer dans ce nouveau monde qui lui paraissait au départ bien insolite, se forger une nouvelle vie et enfin réaliser son rêve quand il verra débarquer sa femme et sa fille.
Pour nous conter cette histoire, Shaun Tan a choisi le biais de la bande-dessinée. Il nous livre, avec « Là où vont nos pères », un album sans paroles aux dessins somptueux, tout en gris et en sépia, éxécutés à la mine de plomb.
Onirique et poétique, cet album de Shaun Tan est un hymne à la solidarité entre les hommes et entre les peuples. En mettant en scène une société qui ne cesse de s'enrichir des apports extérieurs des uns et des autres, une société tolérante et accueillante, ouverte à la différence, il prend le contrepied des sinistres discours politiques actuels basés sur le repli identitaire et sur la haine de l'autre.
« Là où vont nos pères » est plus qu'une bande-dessinée, c'est aussi une oeuvre d'art, un concentré d'émotions, et une réflexion muette sur notre histoire et notre devenir qui se résume avant tout en un formidable message d'espoir, de tolérance et d'ouverture. Sublime.
L'avis de Zaelle, d' In Cold Blog, de Jean-François, de Chiffonnette, de Menear, de Sylvie, et de Gachucha.
Un matin, quelque part, dans une ville qui semble située en Europe, un homme prépare sa valise et passe ses derniers instants en compagnie de sa famille. En plus de ses maigres effets personnels il emporte avec lui une photographie de sa femme et de sa fille. Il ne part pas en voyage d'agrément. Il fuit une sombre menace qui rôde de par les rues de la ville en déployant de gigantesques anneaux serpentiformes.
Ayant une dernière fois serré dans ses bras les deux êtres qui lui sont les plus chers au monde, l'homme va quitter la ville pour prendre un bateau qui va le mener bien loin au delà de l'océan. Sur ce paquebot, il va voyager en compagnie de personnages venus de tous les horizons, des gens qui, comme lui, ont quitté leur pays pour se rendre vers un ailleurs où la vie sera moins rude et l'avenir plus prometteur.
Après avoir traversé l'océan, le paquebot arrive en vue d'une grande et majestueuse cité hérissée de vertigineux buildings, un New-York onirique agrémenté de gigantesques statues surréalistes. Dès leur arrivée, les voyageurs sont pris en charge par les services de l'immigration qui leur font subir une batterie de tests médicaux et d'interrogatoires dans un lieu évoquant Ellis Island, avant de leur délivrer un sauf-conduit qui leur permettra enfin de poser le pied dans cette ville aux allures de pays de cocagne.
Ayant passé toutes les épreuves d'admissibilité, l'homme va enfin pouvoir découvrir cette ville fascinante. Mais il va lui falloir comprendre les us et coutumes de ce nouvel univers. Ne comprenant ni la langue ni l'écriture de son pays d'accueil, il va devoir demander de l'aide afin d'accomplir les gestes les plus banals de la vie quotidienne : se nourrir, se loger, trouver un emploi.
Heureusement pour lui, il trouvera en chacun de ses interlocuteurs une personne qui, comme lui, est venue d'ailleurs pour s'installer dans ce pays.
Il va ainsi faire de multiples rencontres, et en dépit du barrage de la culture d'origine et de la langue, va peu à peu se faire des amis. Tous évoqueront les raisons qui les ont poussés à venir s'installer sur cette terre d'accueil. Pour certains, ce sera, comme pour l'homme, en raison de menaces qui ne sont pas sans rappeler les systèmes totalitaires qui ont émergé au cours du XXème siècle. Pour d'autres, comme cette jeune fille, ce sera le travail forcé et l'exploitation des enfants. Pour ce vieillard unijambiste, ce sera une guerre qui le laissera mutilé et seul face à la disparition de tous les siens.
Car tous ces hommes et ces femmes n'ont pas quitté (il est utile de le rappeler inlassablement) leur famille et leur pays pour le plaisir d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte. Tous ont du fuir des circonstances dramatiques, parfois au péril de leur vie, afin de trouver loin de chez eux un espace de liberté.
Grâce à ces rencontres de hasard, l'homme va trouver un emploi, s'insérer dans ce nouveau monde qui lui paraissait au départ bien insolite, se forger une nouvelle vie et enfin réaliser son rêve quand il verra débarquer sa femme et sa fille.
Pour nous conter cette histoire, Shaun Tan a choisi le biais de la bande-dessinée. Il nous livre, avec « Là où vont nos pères », un album sans paroles aux dessins somptueux, tout en gris et en sépia, éxécutés à la mine de plomb.
Onirique et poétique, cet album de Shaun Tan est un hymne à la solidarité entre les hommes et entre les peuples. En mettant en scène une société qui ne cesse de s'enrichir des apports extérieurs des uns et des autres, une société tolérante et accueillante, ouverte à la différence, il prend le contrepied des sinistres discours politiques actuels basés sur le repli identitaire et sur la haine de l'autre.
« Là où vont nos pères » est plus qu'une bande-dessinée, c'est aussi une oeuvre d'art, un concentré d'émotions, et une réflexion muette sur notre histoire et notre devenir qui se résume avant tout en un formidable message d'espoir, de tolérance et d'ouverture. Sublime.
L'avis de Zaelle, d' In Cold Blog, de Jean-François, de Chiffonnette, de Menear, de Sylvie, et de Gachucha.
Commentaires
meilleurs voeux bloguicrignoles