Naples, Napoli, Napulè.
"Montedidio" Erri De Luca . Roman. Gallimard, 2002.
Traduit de l'italien par Danièle Valin.
Nous sommes à Naples, quelques années après la guerre. Les bateaux américains mouillent encore dans la baie et c'est la mode du « Oulaop. » Mais dans le quartier de Montedidio la vie se déroule comme auparavant, au rythme du travail quotidien, des chansons, des cavalcades d'enfants dévalant les vicoli, de la misère qui guette tout un chacun comme un chien tapi et prêt à mordre.
Le narrateur et personnage central du roman vient d'avoir treize ans et décrit sa vie en griffonnant sur un rouleau de papier que lui a donné l'imprimeur de Montedidio.
Il vient de quitter les bancs de l'école pour devenir apprenti chez Mast'Errico, le menuisier du quartier. L'âge de la scolarité obligatoire révolu, son père l'a placé chez l'artisan ; il peut ainsi, par son salaire, contribuer aux frais de la famille.
Son père est docker et apprend à lire et écrire l'italien aux cours du soir ( il ne parle que le dialecte napolitain ), sa mère est malade et sa santé se dégrade peu à peu.
C'est à ses moments perdus que le jeune garçon consigne sur son rouleau de papier les faits du quartier et en décrit les habitants, personnages pittoresques qu'il décrit avec tendresse et poésie.
On fait ainsi connaissance, entre autres, de Raffaniello, le cordonnier bossu, juif originaire d'Europe Centrale, rescapé miraculeusement de la Shoah, et qui, en route pour Jerusalem, s'est arrêté dans ce quartier de Montedidio dont l'animation et les habitants lui rappellent la ville perdue de son enfance.
On rencontrera aussi Maria, la petite voisine du dernier étage, qui initiera le narrateur aux choses de l'amour et l'amènera peu à peu à l'âge d'homme.
On rencontrera aussi Maria, la petite voisine du dernier étage, qui initiera le narrateur aux choses de l'amour et l'amènera peu à peu à l'âge d'homme.
On croisera ainsi, au fil du récit, de nombreuses figures, personnages truculents et généreux, pathétiques parfois, qui sont l'âme et la vie de ce quartier populaire.
Erri De Luca, qui est né à Naples en 1950, nous décrit, à travers les yeux du jeune narrateur de « Montedidio » la vie telle qu'elle fut dans ces quartiers de Naples il y a cinquante ans. A travers l'initiation d'un jeune homme et son passage à l'âge adulte,il nous fait entrer de plain-pied dans les « Bassi » et ruelles de cette ville à nulle autre pareille, cette cité plusieurs fois millénaire où tous les peuples et toutes les cultures d'Europe se sont installés et superposés.
« Montedidio » n'est pas pour autant un voyage touristique avec mandolines, cammoristes et vues imprenables sur le Vésuve et la baie de Naples. Ce roman est avant tout une balade nostalgique, un récit plein de poésie qui nous décrit avec une rare sensibilité les premiers émois d'un jeune homme, son entrée dans le monde du travail et l'âge d'homme, sa découverte, au delà des apparences, de la double nature, humaine et « angélique » de certains êtres dits « ordinaires. »
Ecrit avec poésie, sensibilité et tendresse, conte moderne et roman social « Montedidio » est un ouvrage d'une rare beauté, un court récit taillé comme un joyau duquel on aurait poli tout relief superflu afin d'en libérer la sobre perfection, nue et sans apprêts.
Commentaires
Ce qui est drôle c'est que j'y ai repensé JUSTEMENT cet après-midi, à Naples, en feuilletant dans une librairie un vieux roman de Jean Grenier: "Voir Naples"! Je le n'ai pas acheté, en revanche vous m'avez convaincue pour celui-ci..
Merci encore cette fois
Inespéré ce petit retour ( le week-end c'est repos? tant mieux ;-)!
Oui ce week-end c'est repos mais la semaine ne fut quand même pas trop laborieuse : une visite inopinée d'amis de longue date pendant quelques jours qui furent consacrés à la promenade, à la gastronomie et à la rigolade.
De bons amis, de bons vins,de bonnes lectures.Que demander de plus?