Que le spectacle commence !


"De l'eau pour les éléphants" Sara Gruen. Roman. Albin-Michel, 2007

Traduit de l'américain par Valérie Malfoy.



Âgé de vingt-trois ans en cette année 1931, le jeune Jacob Jankowski se destine, à l'instar de son père, à la carrière de vétérinaire. Pour cela, il poursuit ses études au sein de la prestigieuse Université Cornell d'Ithaca.
Alors qu'approchent les examens de fin d'année, Jacob apprend avec stupéfaction que ses parents viennent de décéder, victimes d'un accident de la route.
Profondément bouleversé par cette nouvelle, le jeune homme va également se retrouver sans un sou vaillant. Le krach de 1929 a conduit la société américaine dans la Grande Dépression et la maison familiale ainsi que le cabinet vétérinaire de son père reviennent à la banque, suite au retard pris sur le remboursement d'un emprunt contracté pour payer ses études.

Ulcéré, Jacob va devoir abandonner ses études et se retrouver à la rue et partager le destin de ces milliers d'autres personnes qui, victimes de la crise, vont tenter de retrouver une vie normale autre part.
Le voici contraint de sauter dans un train en marche vers une destination inconnue, comme tous ces trimardeurs qui voyagent clandestinement dans les wagons de marchandises, à la recherche d'un emploi ou d'une soupe chaude.

Mais le train dans lequel a sauté Jacob n'est pas un convoi de marchandises, c'est le train du cirque des Frères Benzini.
Recueilli par quatre membres de l'Escadron Volant (équipe destinée à assurer la logistique et l'installation du cirque avant l'arrivée des artistes), Jacob va trouver un emploi au sein de ce cirque itinérant, ses études de vétérinaire s'avérant fort utiles pour soigner les animaux de la ménagerie.

Mais si le jeune homme peut se considérer satisfait d'avoir trouvé si rapidement un emploi, il va vite se rendre compte que l'univers du cirque est loin d'être un havre de paix. Les employés sont en effet sous la coupe du directeur, l'Oncle Al, un individu tyrannique qui possède quasiment un droit de vie et de mort sur chacun d'entre eux. Lorsqu'un membre de l'équipe ne peut plus accomplir son travail, usé par la fatigue, la maladie ou la vieillesse, il peut s'attendre à être jeté sur la voie alors que le train est en marche. Les mauvais traitements infligés aux hommes ainsi qu'aux animaux relèvent ici de l'ordinaire et gare à celui qui ne peut plus assurer ses tâches quotidiennes !

Contraint de partager sa couchette avec le nain Kinko, qui lui voue une haine démesurée pour sa petite taille, Jacob va faire le dur apprentissage de la vie d'employé de cirque, confronté à la perversité d'August, le dresseur d'animaux, un individu sournois et pervers.

Avec « De l'eau pour les éléphants » Sara Gruen nous offre un remarquable tableau de la vie de ces cirques itinérants au sein de l'Amérique des années de la Grande Dépression. Minutieusement documenté, agrémenté de photos d'époque, ce roman nous livre un riche témoignage sur la vie dans ces entreprises dédiées au spectacle.
Ce roman, dont le contexte s'avère passionnant souffre cependant à mon humble avis d'une écriture un peu trop lisse qui fait obstacle à une immersion que j'aurais souhaité beaucoup plus approfondie dans cet univers cruel et chatoyant. Si certains personnages sont tout au long du roman sur le devant de la scène, il est dommage que d'autres, à propos desquels on aurait souhaité en savoir plus, ne soient que brièvement esquissés et disparaissent du récit après une brève incursion.

Malgré ce petit bémol, ce roman reste cependant très agréable à lire et le lecteur en quête de dépaysement y trouvera, je n'en doute pas, de quoi satisfaire sa soif de curiosité à propos de cet univers assez particulier des grands cirques qui sillonnaient les États-Unis dans le contexte de cette période de cataclysme social qui a suivi le jeudi noir du 24 octobre 1929.







Commentaires

cathulu a dit…
s lis en diagonale car il est dans ma pAL depuis sa sortie en poche !:)
La Nymphette a dit…
Tu décris bien la sensation de "trop peu" ressentie lors de cette lecture, c'est exactement cela, on reste au-dessus de la surface lisse!
Theoma a dit…
J'hésite... La couv est très belle en tout cas !
dasola a dit…
J’ai vraiment aimé ce roman triste et gai à la fois. J’ai dit tout le bien que j’en pensais le 03/09/09. Je suis contente d’avoir convaincu une blogueuse de le lire (elle l'a d'ailleurs beaucoup apprécié). C'est l'équivalent au Plus grand chapiteau du monde version plus sordide. J’espère S. Gruen réécrira un autre roman de cette qualité. Bonne après-midi.
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